Non, le passage au collège n’est pas toujours synonyme de chute de la pratique sportive chez les jeunes filles ! En ce jeudi soir d’octobre, le gymnase La Rose des vents, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), en témoigne. Dans la salle, une vingtaine d’adolescentes du club Aulnay Handball s’entraînent sous l’œil de leur coach, Jennifer Bouchez. Parmi elles figurent des jeunes de la section handball du collège Victor-Hugo, situé à quelques dizaines de mètres, mêlées à des joueuses issues des quartiers alentour, qui pratiquent la discipline sur le plan extrascolaire.
Faire jouer des adolescentes quatre soirs par semaine, sans compter le cours d’éducation physique et sportive (EPS) obligatoire au collège et les matchs du week-end, relève de la gageure. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la proportion de filles pratiquant soixante minutes d’activité physique peu intense ou quarante minutes d’activité intense par jour tombe à 11 % entre 15 et 17 ans, contre 14 % dans la tranche 11-14 ans, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
A Aulnay-sous-Bois, les jeunes filles interrogées se définissent comme « très sportives », mais l’idée que les adolescentes puissent décrocher du sport autour de l’âge de 13 ans ne leur semble pas incohérente : « En entrant en 4e, j’avais un peu perdu en niveau, se souvient Safiatou, aujourd’hui en 3e, qui suit l’entraînement depuis les bancs, le bras en écharpe après une blessure à l’entraînement. Le hand, ça devient de plus en plus dur, donc il ne faut pas se décourager. »
La « transformation du corps » joue un rôle certain, estime Jennifer Bouchez, qui désigne une joueuse, l’une des plus élancées du groupe. « Cette élève a grandi d’un coup, raconte-t-elle. Elle a commencé à avoir les jambes qui s’emmêlent, elle n’arrivait plus à “casser les abdos” pour tirer. Quand le corps change, il y a des choses à réapprendre. »
Excellence sportive et scolaire
Pour les autres questions liées à la puberté, notamment les règles, la clé est de n’avoir « aucun tabou ». Parfois, une joueuse a trop mal au ventre pour s’entraîner. Ce sujet essentiel du sport féminin n’est pas mis de côté : « On est aussi là pour leur apprendre à gérer ces moments où on est moins performantes », assure Jennifer Bouchez.
Si la puberté joue son rôle, faut-il également blâmer les préjugés sexistes ? Selon les données de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, les filles sont plus volontiers inscrites à des sports qui leur sont traditionnellement associés – équitation, gymnastique et sports de glace –, mais aussi à des activités à mi-chemin entre sport et expression artistique, notamment la danse. « J’ai déjà entendu dire que le foot, c’était pour les garçons. Mais pas le hand », fait remarquer Safiatou.
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