« J'aime mon métier parce qu'il me procure le sentiment d'avoir rendu service à une famille en deuil ». Après avoir goûté à l'hôtellerie de luxe, Gautier Delacour exerce depuis un an et demi le métier de conseiller funéraire à l'agence Caton Convention à Paris. En cette période de Toussaint et de fête des morts, le funéraire se porte bien. Le secteur fait vivre 25.000 personnes et prévoit de recruter 3.500 personnes en 2024. « Les baby-boomers prennent leur retraite, il nous faut les remplacer et rajeunir le personnel», analyse Guillaume Fontaine, président de la Fédération nationale du funéraire (FNF). Des papy-boomers qui constituent aussi un marché : « Ils vont décéder petit à petit. Le marché va croître de 3 à 5 % par an dans les 15 prochaines années. Il y a aura une forte demande pour nos métiers ».

Quels sont les métiers des pompes funèbres ?

Premier contact des familles confrontées au décès d'un proche, le conseiller funéraire prend en charge l'ensemble des obsèques : écouter et renseigner la famille, connaître ses attentes et l'informer sur le cadre réglementaire des obsèques. Il requiert un diplôme qui exige au minimum de 140 heures de formation théorique et autant de pratique. Au menu : tout ce que vous devez savoir en matière d'hygiène-sécurité, toxicologie, législation et réglementation funéraire, psychologie et sociologie du deuil, conception et animation d'une cérémonie. Autre métier réglementé, celui de maître de cérémonie : 70 heures minimum d'enseignement théorique comme pratique sont nécessaires.

D’autres métiers sont plus accessibles pour travailler dans les pompes funèbres sans diplôme. Ainsi, pour devenir porteur, la personne qui porte le cercueil, Il est possible de se former sur le tas. Il faut surtout être costaud ! Idem pour le fossoyeur, chargé de creuser la fosse et d'y mettre le cercueil et qui est chargé d’ouvrir et de fermer les caveaux. Pour devenir marbrier, c’est-à-dire travailler le marbre des tombes, il faut mieux avoir un CAP de tailleur de pierre ou marbrier du bâtiment et de la décoration.

Thanatopracteur, l'art de préparer les corps des défunts

Préparer le corps du défunt et lui donner un aspect présentable avant sa mise en cercueil, c'est le rôle du thanatopracteur. Il doit nettoyer et désinfecter le corps, lui injecter dans les artères un produit à base de formol afin de ralentir l'évolution bactérienne et freiner la destruction des cellules. Enfin il va le rhabiller et le maquiller avant la présentation à la famille. Un diplôme national de thanatopracteur reconnu par le ministère de la Santé est requis pour exercer. L'examen comporte une épreuve écrite de six heures notée sur 200 points et une évaluation de la formation pratique suivie en entreprise notée sur 400. L'université Claude Bernard Lyon 1 et l'université d'Angers proposent des formations pour se préparer au concours national de thanatopraxie.

Comment faire pour travailler aux pompes funèbres ?

« Pour recruter, on ne se focalise pas sur un diplôme mais sur le savoir-être des candidats », avertit Guillaume Fontaine. De l'empathie oui, mais avec des limites. « La famille ne nous demande pas de pleurer avec elle mais d'être professionnelle et de l'accompagner pour qu'elle puisse faire son deuil ». Aux candidats jeunes ou moins jeunes (salariés en reconversion, demandeurs d'emploi), une entreprise de pompes funèbres ou une régie municipale proposeront souvent un stage découverte d'une ou deux semaines. Le but ? Valider qu'il n'y a pas d'appréhension à travailler quotidiennement au contact de morts et de personnes endeuillées. «Au moindre soucis, on leur demande de ne pas s'orienter vers ces métiers », avertit Guillaume Fontaine.

Je suis d'astreinte téléphonique une semaine sur deux : je dors et vis avec le téléphone nuit et jour. Il peut sonner à 3 heures du matin comme à 14h00 l'après-midi 

Gautier Delacour, conseiller funéraire à l'agence Caton Convention à Paris


« Pour bien exercer ce métier il faut être à l'écoute, discret et savoir rester maître de soi », confie aussi Gautier Delacour. « Il faut aussi faire preuve de diplomatie quand le décès fait suite à une mort non naturelle (suicide…) et qu'il faut expliquer aux proches qu'ils ne pourront pas voir le corps du défunt. Il en faut aussi quand les familles se disputent et sont en désaccord sur la cérémonie !», sourit le jeune conseiller funéraire. Grandeur et servitude de ces métiers ils exigent enfin une forte disponibilité : « Je suis d'astreinte téléphonique une semaine sur deux : je dors et vis avec le téléphone nuit et jour. Il peut sonner à 3 heures du matin comme à 14h00 l'après-midi ». Parole de croquemort : « Les morts ne choisissent pas leur heure ».

Quelles études pour travailler aux pompes funèbres ?

Une trentaine de structures forment à tout ou partie des métiers du funéraire en France La Fédération Nationale du Funéraire (FNF)possède sa propre école de formation, l'EFFA : créée en 1981 la plus ancienne des écoles a formé 350 personnes l'an passé. Autre école rattachée à une fédération professionnelle, l'École nationale des métiers du funéraire (l'ENAMEF) est issue de la Fédération française des pompes funèbres et installée à Rosny-sous-Bois. D'autres écoles sont rattachées à des réseaux d'entreprises funéraires : Parcours F , école issue du réseau d'indépendants UDIFE ; l'École de Funétique (groupement Funéplus…), Nova formation (Funecap groupe)... Le groupe OGF dispose depuis 20 ans de sa propre école interne, OGF Formation. Tous ces organismes proposent aussi bien les formations techniques de cimetières pour les marbriers et fossoyeurs que les formations réglementaires obligatoires pour exercer.

Enfin, savez-vous d’où vient l’expression croque-mort ?

L'appellation familière des employés des pompes funèbres, pourrait venir d'une pratique supposée des anciens emballeurs de cadavres. Ceux-ci, en des temps reculés, auraient peut-être «mordu» l'orteil du défunt afin de s'assurer, in extremis, du trépas de leur client. D'où, alors, avec quelque apparence de logique: les croque-morts. En réalité, le mot apparaît pour la première fois dans l'écrit en 1788 comme le rappelle cet excellent article du Figaro. le verbe «croquer» signifiait voler, faire disparaître.