«S’il n’y avait pas Annie, on serait à la rue.» Derrière son bureau avec vue sur les vignes et la garrigue, Jean-Michel Teulade, maire depuis 2001 d’Aspères, sait ce que sa commune gardoise, au pied des Cévennes, doit à Annie. Sans elle, le projet de réfection du centre, avec ses bâtisses en pierres et ses ruelles désertées aux heures où les 530 administrés sont au bureau ou à l’usine, n’aurait peut-être jamais vu le jour. Pas plus que la maison d’assistantes maternelles «installée dans l’ancien appartement du curé», le tout nouveau cabinet médical et ses deux kinés, ou la bergerie communale.
Voilà dix-sept ans qu’Annie, trop discrète pour laisser échapper son nom de famille, est la secrétaire de mairie de cette commune rurale, qui héberge une pizzeria pour tout commerce et un distributeur de pain frais. «Dix-sept ans de confiance», résume le maire. Et autant d’années à se démultiplier : monter des dossiers, chercher des subventions, tout en continuant d’accueillir le public, de gérer les ressources humaines, les factures, le budget qu’«il faut préparer un an en avance». En un souffle, Annie égraine ses missions et résume ce grand écart permanent : «Parfois, il faut vite donner un coup de balai avant une réunion, tout en préparant un mémoire pour le tribunal le lendemain.» Puis : «Ah il y a aussi le recensement cet automne.»
Ce sera l’une de ses dernières missions car, en juillet, Annie pourra faire valoir ses droits à la retraite. Ell