Sur la route, il lui arrive d’apercevoir des renards, des sangliers et des cerfs. Mais en venant depuis chez elle, ce matin du 8 novembre, 30 kilomètres parcourus dans la lumière d’automne, rien. Comme chaque mercredi, Virginie Blondel a ouvert les volets de la mairie de Monceaux-le-Comte (Nièvre), à 8 heures. Elle a accroché sa veste à capuche fourrée, s’est préparé un café et a grillé la première cigarette de la journée. Son bureau disparaît sous les papiers en vrac et d’épais dossiers.
A 38 ans, elle officie comme secrétaire de mairie dans cette commune rurale de 130 habitants, au bord du canal du Nivernais. C’est elle qui tient les registres de l’état civil (à la main, comme autrefois), gère le budget, dont la technicité rebute la plupart des élus, renseigne les habitants sur les règles d’urbanisme – qui changent sans arrêt –, veille à la bonne tenue des élections, édicte les projets d’arrêtés municipaux… « Ah ! J’oubliais… Il y a aussi la gestion des concessions dans les cimetières », lance-t-elle, ajoutant qu’il faut « savoir tout faire ».
Diplômée d’un bac comptabilité-gestion, d’un BEP secrétariat et d’un BTS assurance, Virginie a été orientée vers cette profession par Pôle emploi, en 2007. Depuis, elle suit deux formations par an pour intégrer les nouvelles règles et procédures, en constante évolution. « On croule sous la paperasse, la bureaucratie. Heureusement qu’elle est là ! », soupire la deuxième adjointe de Monceaux-le-Comte, Nicole Kempf.
« Il ne faut pas avoir peur de faire des heures »
La secrétaire est la première personne que les habitants trouvent quand ils poussent la porte de la mairie, pour s’épancher sur un conflit de voisinage, râler contre un chien qui empêche de dormir, signaler un trou dans la chaussée ou un caniveau qui déborde. Virginie coordonnera aussi le prochain recensement, cet automne. Quand elle est malade ou en vacances, les élus sont un peu perdus. « On bricole sur l’ordinateur, mais on ne peut pas faire tout ce qu’elle fait », admet volontiers la maire du village, Françoise Corbeau-Mougne.
Au rez-de-chaussée de la mairie, les vieux cadastres ont été soigneusement rangés sous le buste en plâtre de Marianne. Virginie a pris possession du bureau, doté du seul ordinateur, laissant la maire s’asseoir autour d’une longue table en bois, recouverte d’une toile cirée. En face du portrait officiel d’Emmanuel Macron, une photo de l’ancien maire de Monceaux-le-Comte, André Grosjean, aux côtés de François Mitterrand, l’enfant du pays, dont il était l’ami.
Il vous reste 79.73% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.