Publicité
Décryptage

Stages de seconde : Gabriel Attal appelle les entreprises à se mobiliser

Les élèves de seconde devront faire un stage en juin ou un séjour de cohésion dans le cadre du Service national universel. Depuis le Medef où il s'est rendu ce mardi, le ministre de l'Education nationale s'est employé à lever les doutes et à répondre aux interrogations des patrons.

Patrick Martin, le président du Medef, et Gabriel Attal, le ministre de l'Education nationale, ce mardi.
Patrick Martin, le président du Medef, et Gabriel Attal, le ministre de l'Education nationale, ce mardi. (Blondet Eliot/Abaca)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 14 nov. 2023 à 11:10Mis à jour le 14 nov. 2023 à 16:23

La décision de Gabriel Attal est prise et elle sera présentée aux syndicats enseignants ce jeudi. Tous les élèves de seconde devront faire un stage en juin prochain ou effectuer un séjour de cohésion dans le cadre du Service national universel (SNU).

Il faut « reconquérir le mois de juin pour les élèves qui ne passent pas d'épreuves en fin d'année », avait indiqué Emmanuel Macron, en août, dans une interview au « Point ». Le stage durera deux semaines, du 17 au 28 juin prochain.

Le job d'été permettra d'échapper au stage

Les projets de décret et d'arrêté prévoient « que les élèves puissent choisir d'effectuer au mois de juin soit la séquence d'observation en milieu professionnel rendue obligatoire par le décret, soit un séjour de cohésion du SNU, dont la durée est identique, soit la mission d'intérêt général du SNU lorsqu'ils ont déjà effectué le séjour de cohésion auparavant. » Seuls les élèves « engagés durant le mois de juin dans un projet de mobilité européenne et internationale » sont « dispensés de cette obligation », est-il écrit dans les textes.

Publicité

Le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, devant le Medef, ce mardi a toutefois ouvert une grosse brèche dans le caractère obligatoire de ces stages : ceux qui font un job d'été n'auront « pas besoin de faire un stage en plus », a-t-il annoncé.

Du côté des PME et des TPE représentées par l'Union des entreprises de proximité (U2P), on s'interrogeait, ces jours-ci, sur « la mise en oeuvre » de ces stages obligatoires qui concernent 500.000 élèves de seconde.

« L'initiative est bonne, confiait ainsi Laurent Munerot, vice-président de l'U2P. Mais, pour nos petites entreprises, se pose un problème de mise en oeuvre. Je ne veux pas dire qu'on ne sera pas au rendez-vous, car cela nous intéresse, mais ça va être difficile d'accueillir tous ces jeunes ».

Inventer des formules adaptées

Laurent Munerot s'inquiète aussi de la qualité des stages, entre les élèves « qui ont des réseaux et ceux qui n'en ont pas ». Et ajoute : « Si c'est pour faire 15 jours de photocopies, ce n'est pas sûr qu'on les intéresse au métier, ça va être pire. » Il va falloir inventer des formules adaptées, poursuit-il, tout en rappelant l'intérêt, selon lui, que les entreprises se chargent de la présentation des métiers plutôt que les professeurs principaux.

« Quand vous faites une présentation sur l'apprentissage dans une classe, et que le professeur dit aux élèves attention, si vous choisissez cette voie, vous n'aurez que cinq semaines de vacances, ça ne commence pas très bien », poursuit-il. D'autant que, pour certains métiers , comme maçon ou boulanger, les enseignants « ont l'impression qu'on va emmener leurs élèves chez Zola ». C'est la même chose dans l'industrie pour le métier de soudeur, ajoute-t-il : « On sent toujours une certaine réticence, alors que le métier se fait avec des machines numériques dans des entreprises dont les carnets de commandes sont pleins. »

Pour les élèves des quartiers difficiles, Gabriel Attal a promis une plateforme pour accéder à « des stages de qualité », sur le modèle de celle des élèves de 3e.

« Personne pour s'en occuper »

Les proviseurs de lycée s'inquiètent, eux aussi, de la mise en oeuvre. « Une convention-cadre type sera envoyée aux établissements, mais matériellement, il n'y aura personne pour s'en occuper », prévient Bruno Bobkiewicz, à la tête du principal syndicat de proviseurs, le SNPDEN, car les épreuves du bac vont se concentrer sur le mois de juin et les enseignants seront happés par les corrections et le passage du grand oral pour les élèves de terminale. Gabriel Attal a pourtant promis, devant le Medef, qu'il chercherait « à décharger le plus possible les entreprises de toutes les formalités ». « Dans les établissements, les personnes de direction et de vie scolaire seront chargées de l'organisation », a-t-il précisé.

Certains élèves s'engageront dans un SNU , mais la capacité d'accueil sera limitée. « Si le gouvernement voulait plus d'élèves en SNU, l'occasion était belle, c'est dommage », glisse Bruno Bobkiewicz.

On doit travailler beaucoup plus ensemble

Gabriel Attal devant le Medef
Publicité

Jérôme Fournier, secrétaire national du SE-Unsa, pointe aussi les problèmes de transport pour les élèves en zone rurale ou périurbaine. « On aura beau leur trouver un stage intéressant à 50 kilomètres de chez eux, il faudra qu'ils s'y rendent », souligne-t-il.

Le Medef sera « sur-mobilisé »

Aux chefs d'entreprise qui déplorent déjà que les jeunes de troisième « sont mal polis, se tiennent mal et sont accidentogènes », Patrick Martin explique que « ces comportements déroutent, mais ce sont nos collaborateurs de demain ». Il promet que le Medef sera « sur-mobilisé ».

Une plateforme va par ailleurs cartographier les professionnels disponibles dans les entreprises pour intervenir en classe, sur le modèle de ce que font certaines régions, a promis Gabriel Attal. Dans les établissements, 10.000 professeurs ont donné leur accord pour s'occuper de la découverte des métiers et sont rémunérés à ce titre dans le cadre du nouveau pacte enseignant.

Marie-Christine Corbier

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité