Cheveux crépus : enfin une formation diplômante pour apprendre à s’en occuper correctement !

Depuis juin, un diplôme existe pour apprendre les techniques de coiffage, lissage, et coloration des cheveux frisés et crépus. ©AFP - JEAN-FRANCOIS FORT
Depuis juin, un diplôme existe pour apprendre les techniques de coiffage, lissage, et coloration des cheveux frisés et crépus. ©AFP - JEAN-FRANCOIS FORT
Depuis juin, un diplôme existe pour apprendre les techniques de coiffage, lissage, et coloration des cheveux frisés et crépus. ©AFP - JEAN-FRANCOIS FORT
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Les cheveux crépus ou frisés sont souvent boudés des salons de coiffure. Pas facile donc de se faire coiffer correctement lorsqu'on a cette texture de cheveux. La faute à un manque de formation.

Plus de 20% de la population française ont les cheveux crépus, frisés ou bouclés. Pourtant, quand on entre dans un salon de coiffure, peu de coiffeurs savent réellement prendre soin de ce type de cheveux. Sya en a fait les frais, lorsqu’elle était plus jeune. Jeune femme métisse de 25 ans, elle porte aujourd’hui une jolie coupe afro courte. « Pour les connaisseurs, j’ai des cheveux 4A, c’est-à-dire qu’ils font quand même des boucles, ils sont assez crépus », décrit-elle. Cela n’a pas toujours été facile de se faire coiffer quand elle était petite : « Aller chez la coiffeuse et voir qu’elle me propose uniquement un défrisage ou un brushing, sinon elle ne savait pas s’en occuper, bah ça m’a fait un choc quand j’étais petite. J’ai compris que je n’avais pas ma place dans les salons ordinaires, que je n’étais pas ordinaire ».

Du racisme ordinaire

Selon la jeune femme, ce manque de savoir-faire relève du racisme ordinaire. « Je me suis rendue compte que je n’étais pas comme les autres. Je dois donc prendre certaines précautions. Si je rentre dans un salon de coiffure et que je n’ai pas pris ces précautions, je sais qu’ils ne sauront pas s’occuper de moi. Il y a beaucoup de choses qui font que c’est plus difficile d’être une personne de couleur en France, se faire coiffer en fait partie », explique Sya.

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Aujourd’hui, la jeune femme se rend dans un salon de coiffure spécialisé dans les coupes afro tous les trois mois. Etant musicienne, elle a souvent des tournages. Il lui arrive d’avoir des mauvaises surprises. « Parfois, je dois refaire mes cheveux car certains professionnels font n’importe quoi. Ils utilisent des produits qui ne sont pas du tout adaptés, mettent beaucoup de chaleur sur mes cheveux, bref ils les cassent », soupire Sya.

Un manque de formation

Ce manque de savoir-faire dans la plupart des salons de coiffure résulte en réalité d’un manque de formation. Le certificat d’aptitude professionnelle (CAP) coiffure est souvent réalisé en deux ans. Le programme est ainsi très condensé. « En CAP, on apprend vraiment les bases : tenir son ciseau, faire des coupes droites. Ce qui est compliqué, c’est qu’on apprend sur des têtes de mannequins qui ont les cheveux lisses. Ils n’ont quasiment jamais les cheveux crépus. Ces derniers sont plus chers dont c’est plus complique pour la formation », détaille Anne-Sophie, coiffeuse de 23 ans en Bretagne.

La coupe afro, un véritable marché

Négliger les cheveux crépus ou frisés est une grosse erreur, selon Aude Livoreil-Djampou, fondatrice des studios de coiffure Ana’e. Elle s’est battue auprès de la fédération de la coiffure et du ministère de l’Education nationale pour faire reconnaitre l’importance d’une formation professionnelle sur ce type de cheveux. « On assiste depuis quelques années à une véritable révolution du cheveu frisé. Toutes les jeunes femmes portent fièrement leurs cheveux frisés, veulent les porter naturellement. Le défrisage est en chute libre, il est tombé à moins de 5% chez la génération Z », souligne la cheffe d’entreprise. C’est pourquoi la fédération de la coiffure et le ministère de l’Education nationale ont créé un diplôme spécialisé dans les cheveux bouclés, frisés et crépus. Une formation de 200 heures après le CAP pour apprendre des techniques de coiffage, lissage, coloration. L’objectif est vraiment de permettre à chacun d’aller dans n’importe quel salon avec n’importe quel type de cheveux.

Si vous êtes intéressés par les cheveux, vous pouvez écouter les podcasts Capillotracté sur Mouv. La journaliste Jehanne Ndzouba analyse la société sous un angle capillaire. Des stéréotypes sur les Blondes à la mode de la coupe mulet en passant par les cheveux blancs, vous saurez tout sur nos cheveux. A retrouver  ici.