Elisabeth Borne a choisi Dunkerque (Nord), la ville dont son ministre du logement, Patrice Vergriete, a été maire et reste président de la communauté urbaine, pour lancer, jeudi 16 novembre, un nouveau plan de soutien au secteur du logement, en proie à une crise profonde et durable. Vantant le Dunkerquois, un « territoire en renouveau », qui attire de nouveaux emplois et donc de nouveaux habitants, la première ministre a reconnu que « sans nouveau logement abordable, nous raterions le coche de la réindustrialisation ».
Dans un contexte de dégradation des finances publiques, Elisabeth Borne a donc décliné une série de propositions visant à relancer la production de logements, en particulier en direction des travailleurs-clés et des étudiants, car, a-t-elle affirmé, « le logement ne doit pas être un frein pour les études et l’emploi ». Des mesures calculées au plus serré, qui reposeront en partie sur des investisseurs institutionnels et des bailleurs sociaux, afin de ne pas compliquer l’équation budgétaire du gouvernement.
La première mesure consiste à lancer un deuxième plan de sauvetage en faveur des promoteurs, confrontés à l’effondrement des réservations de logement neuf, en raison de la hausse des taux d’intérêt qui a désolvabilisé les ménages. Dans le cadre d’un premier plan de soutien, présenté avant l’été, les bailleurs Action logement et CDC Habitat (la filière immobilière de la Caisse des dépôts) devaient racheter aux promoteurs 47 000 logements initialement destinés à la vente aux particuliers. Ce programme-là est sur le point d’être finalisé. « Nous avons vu venir vers nous massivement les promoteurs, et nous travaillons avec plus de soixante-dix d’entre eux, des petits et des gros, explique Anne-Sophie Grave, présidente du directoire de CDC Habitat. Pour nous c’est un effort financier important, de 3,7 milliards d’euros [pour le premier plan]. Notre objectif est que les chantiers puissent démarrer, c’est important pour que la filière du bâtiment ne soit pas trop affaiblie et puisse repartir. »
Miser sur le logement intermédiaire
Ces blocs d’appartements, situés dans des zones tendues (Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine notamment), deviendront des logements sociaux, mais surtout des logements intermédiaires. Le gouvernement mise en effet très fortement sur ce segment du logement locatif intermédiaire, qui propose des loyers 10 % à 15 % en dessous des prix du marché, destiné à la classe moyenne et aux travailleurs, en particulier sur les territoires de réindustrialisation, comme celui de Dunkerque. Matignon se fixe l’objectif ambitieux de doubler, d’ici à 2027, la production de ces logements locatifs intermédiaires, en passant progressivement de 15 000 à 30 000 logements de ce type produits par an. L’investissement est considérable, puisqu’il représentera un coût supplémentaire de 1 milliard d’euros par an, porté pour un quart par la Caisse des dépôts, pour un quart par l’Etat et pour le reste par de nouveaux investisseurs institutionnels, que le gouvernement tente actuellement de rallier à ce projet, à savoir des assureurs, des gestionnaires d’actifs ou de gros bailleurs sociaux.
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