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La difficile acceptation du handicap au travail : « Je ne me sentais pas handicapée, j’étais juste dans le déni »

Pour améliorer leur taux d’emploi, de nombreux employeurs incitent leurs salariés à faire une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. Pas toujours simple : salariée et victime de deux AVC, Frédérique Manceau a mis trois ans avant d’accepter de faire une demande.

Par  (Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), envoyé spécial)

Publié le 17 novembre 2023 à 07h00

Temps de Lecture 3 min.

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C’était un jour de février 2016, au bureau : « Tout est allé très vite. Mes collègues ont vu que ma bouche se déformait, heureusement j’ai été vite prise en charge. » Salariée depuis 2012 de RTE, l’entreprise gestionnaire du réseau de transport d’électricité (9 500 salariés), Frédérique Manceau a subi ce jour-là un accident vasculaire cérébral (AVC), qui lui a fait perdre l’audition du côté droit, la parole et une partie de sa motricité. « J’ai dû réapprendre à vivre à 45 ans », se rappelle-t-elle.

Après plusieurs mois d’arrêt, elle a pu retrouver une partie de ses sens. Malheureusement, son retour fut un « enfer ». « Je me sentais hyper fatiguée, j’étais étouffée par le bruit des collègues dans l’open space, donc il fallait que je me concentre doublement… Le médecin du travail s’en est aperçu, il m’a déclarée inapte sur mon poste, raconte-t-elle. Il m’a dit de faire une demande de reconnaissance de handicap, mais je ne me sentais pas handicapée, je me sentais capable. J’appréhendais le regard des autres, j’étais dans le déni. »

Alors que se profile la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, du 20 au 26 novembre, les entreprises les plus vertueuses se bousculent pour mettre en avant leur taux d’emploi de personnes en situation de handicap. En effet, tout employeur de plus de vingt salariés doit compter 6 % de salariés handicapés dans ses effectifs, sans quoi il doit verser une contribution financière à l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph).

De fortes résistances

Cet objectif est encore rarement atteint : seules 29 % des 111 300 entreprises concernées ont rempli intégralement cette obligation par l’emploi direct en 2022, a publié jeudi 15 novembre le ministère du travail. Le taux d’emploi direct est en moyenne de 3,5 %, un chiffre qui stagne. Pour le faire progresser, les entreprises ont d’autres solutions que de recruter des personnes handicapées, comme inciter leurs équipes à faire reconnaître un handicap, au moyen d’une procédure de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. Mais les équipes des ressources humaines rencontrent de fortes résistances, car la majorité des salariés potentiellement concernés craignent une forme de stigmatisation. 2,9 millions de travailleurs bénéficient de cette reconnaissance administrative en 2021.

Chez RTE, le taux d’emploi de travailleurs handicapés était de 5,47 % en 2022. « En 2023, sur 400 recrutements, nous avons 11 personnes en situation de handicap. On travaille avec des entreprises spécialisées pour diversifier nos profils, mais sur les postes de cadre c’est parfois difficile, reconnaît Angélique Carbonnelle, responsable de la mission diversité. On essaie donc de privilégier le maintien en emploi de tous les collaborateurs, avec le soutien de la médecine du travail. »

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