Cameron se demande comment il en est arrivé à s’endetter de 20 300 euros pour poursuivre des études dans une école de commerce. Lui, l’élève boursier, échelon 5 sur 7, qui était avant tout en quête de sécurité. « Je me suis orienté vers des études de commerce pour avoir un métier qui m’épargne les soucis financiers. Je suis d’abord passé par un BTS en commerce international, j’y ai découvert progressivement les grandes écoles et à quel point leur prestige jouait sur les carrières », raconte le jeune homme originaire de Grenoble, préférant, comme tous les étudiants cités, ne pas donner son nom de famille.
En septembre 2022, il a rejoint le Bachelor of Business Administration de l’Edhec, sur le campus de Lille, en étant admis sur dossier directement en troisième année. « Mais, désormais, je me sens quelque peu piégé par mon prêt », constate-t-il. Car ce cursus postbac en quatre ans est coûteux, avec des frais de scolarité frôlant les 13 000 euros l’année, même si ceux-ci sont abaissés pour les boursiers, en fonction de leur échelon.
« Dès mon admission, j’ai pris rendez-vous avec une banque à Grenoble pour contracter un prêt avec ma mère, assistante maternelle, comme seule garante. Tout cela était très nouveau, je ne savais pas bien ce que je faisais… Mon école étant réputée, la banque a suivi. J’utilise le prêt pour la scolarité mais aussi pour me nourrir et me loger », explique-t-il. Un an plus tard, alors qu’il a intégré la quatrième année, le jeune homme de 24 ans se sent « sous pression constante ». « J’ai conscience que cette école est un bon investissement. Mais je n’ai pas le droit à l’erreur et plus vraiment de flexibilité dans le choix de mon orientation, poursuit celui qui souhaiterait désormais travailler dans le secteur public ou dans une institution internationale, plutôt qu’en finance. Mais le prêt pèse lourd sur mes épaules. »
L’étudiant lillois n’est pas le seul, en cette rentrée, à vouloir alerter sur ces situations d’endettement. « Il faut briser le tabou autour du financement des études en école de commerce, car certaines personnes sont vraiment en difficulté », plaide-t-il.
Le contexte d’inflation généralisée a en effet une forte incidence sur le monde étudiant, y compris dans les écoles de commerce. Coûteuses car privées, celles-ci accueillent un certain nombre de jeunes ayant recours à l’emprunt. L’enquête menée par le Bureau national des étudiants en école de management en 2022, auprès de 3 800 étudiants, révélait que 57 % d’entre eux s’étaient endettés pour rejoindre des écoles de commerce délivrant des diplômes reconnus par le ministère de l’enseignement supérieur.
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