La libéralisation a transformé le duo en trio. C’est dire si les marchés français de l’électricité et du gaz restent hautement concentrés. Trois entreprises, en effet, cumulent encore « environ 90 % des parts de marché », selon un bilan de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) pour la période 2020-2022, publié le 7 novembre. Et ce, malgré la présence d’une trentaine de fournisseurs sur le marché des particuliers, ouvert à la concurrence depuis 2007, trois ans après celui des clients professionnels.
Les deux acteurs historiques, EDF et Engie (anciennement GDF), sont toujours là. Créées en 1946, ces deux entreprises ont longtemps travaillé en quasi-monopole chacune de leur côté, respectivement pour la vente de l’électricité et pour celle du gaz. Désormais, la libéralisation pousse l’une à se déporter en partie sur le terrain de l’autre, même si chacune conserve son activité principale.
L’ouverture à la concurrence a ouvert la voie à un troisième gros acteur. Celui-ci doit sa fortune au pétrole, puisqu’il s’agit de TotalEnergies (ex-Total). La multinationale française siège sur le podium de la fourniture électrique et gazière grâce à l’acquisition de la société Direct Energie, en 2018. Une manière, pour elle, de diversifier ses activités.
Deux tiers des ménages abonnés au « tarif bleu » d’EDF
Le trio a englobé, en 2022, jusqu’à 94 % des parts pour l’électricité et 88 % pour le gaz. Cette même année, la guerre en Ukraine et les inquiétudes sur les approvisionnements gaziers ont fait bondir les prix de l’énergie. Ce contexte hors norme a accru la concentration du secteur.
« Peu de fournisseurs ont, comme les trois principaux acteurs, continué de proposer des offres compétitives à destination des nouveaux clients pendant toute la période de crise », résume la CRE. A l’inverse, quatre fournisseurs d’électricité (Hydroption, Bulb, E-Pango et Planète Oui), et un de gaz (Planète Oui, encore), ont fait défaillance entre décembre 2021 et mars 2022, leurs autorisations ayant été retirées ou suspendues. « Principalement pour cause de liquidation judiciaire », précise l’autorité administrative.
La crise des prix de l’énergie a surtout incité les Français à rester ou à revenir au tarif réglementé de vente de l’électricité, qui est fixé par les pouvoirs publics. Autrement dit, le « tarif bleu » d’EDF. Seul l’opérateur historique est habilité à le proposer, avec quelques petites entreprises locales de distribution. Près de deux tiers des ménages y sont encore abonnés. Presque un quart des ménages étaient aussi abonnés au tarif régulé du gaz, commercialisé par Engie. Jusqu’à sa disparition, le 1er juillet. Autant le Conseil d’Etat a préservé le « tarif bleu », jugeant l’électricité « non substituable » et « de première nécessité », autant il a considéré celui du gaz comme une entrave à la concurrence voulue par l’Union européenne.
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