C’est la première fois que Paul Beaurepaire met les pieds au Figaro. Entre deux jours de tournage pour le prochain long métrage de François Ozon, l’acteur a troqué les costumes de cinéma contre un jeans et un sweat couleur lavande. Pas de doute, Paul Beaurepaire a bien l’allure d’un jeune homme moderne de 22 ans. D’abord impressionné par l’exercice de l’entretien, l’acteur, qui joue avec aisance aux côtés d’Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste dans Le Temps d'aimer de Katell Quillévéré, à l'affiche ce 29 novembre, se détend au fil des minutes. Sa voix quelque peu tremblante laisse place à un ton plus posé et réfléchi.

Pour l’acteur, le rêve devient réalité. Originaire de Nantes, il jongle entre les études et l’art scénique depuis son enfance. Le garçon goûte au théâtre dès l’âge de 8 ans, au sein de la troupe La Cavale. Amoureux des planches, il cultive sa passion. «À 16 ans, je voulais faire du stand-up. Alors, quand j’avais des bonnes notes, mes parents m’autorisaient à tester mes blagues deux fois par mois au West side Comedy club de Nantes», explique le comédien. Élève au lycée Nicolas Appert, à Orvault, Paul Beaurepaire est «assidu», mais admet «ne faire que le minimum pour pouvoir continuer à faire du stand-up et du théâtre». En parallèle, il poste des vidéos drôles sur le réseau social Vine (aujourd’hui disparu), et se lance même sur YouTube.

Le théâtre ou l’école de commerce

En terminale, Paul Beaurepaire commence à réfléchir aux études qu’il souhaite entreprendre. «J’ai dit à ma mère que je voulais devenir comédien. Elle m’a parlé du concours de la classe libre du Cours Florent . On avait conclu un marché ensemble : si je n’obtenais pas mon concours, alors j’allais en école de commerce.» Deal. Pendant qu’il prépare son bac économique et social et son permis de conduire, l’adolescent passe en parallèle au concours d’Audencia, pour intégrer le bachelor. Arrivé 200e sur la liste d’attente, il est quand même accepté. Son plan B est donc assuré.

Mais son choix numéro 1, c’est bien d’entrer au Cours Florent, par où sont passés Isabelle Adjani, Guillaume Canet, François Civil, Pierre Niney ou encore Marina Foïs. Il enchaîne trois auditions entre janvier et juin, où il présente notamment une scène d’On ne badine pas avec l’amour, d’Alfred de Musset, découverte en cours de français et apprécie tant. «“J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé”. Cette poésie me faisait vibrer», partage Paul Beaurepaire. Pour le dernier tour, le lycéen passe même devant un jury, présidé par François Florent, le fondateur de l’école. Face à lui, 20 candidats lui font concurrence, contre 2000 au début de l’aventure.

Le prix Olga Horstig le propulse

L’heure des résultats arrivée, Paul Beaurepaire les découvre sur le site internet de l’école. «J’ai fait un Snapchat pour mes copains en même temps que je me connectais. J’ai vu que j’étais admis. Je ne m’y attendais pas, j’étais trop content», se souvient le jeune homme. Le bac en poche mention «assez bien», en 2019, il «monte à Paris». Un destin bien différent de celui de ses parents, commerciaux dans le secteur de la banque et des transports, et de ses grands frères, l’un travaillant dans le marketing digital, l’autre dans le développement web.

Ce prix m’a permis d’avoir mon premier rôle au cinéma 

Paul Beaurepaire

La rentrée de Paul Beaurepaire est «intimidante». «Mes camarades étaient vraiment très doués», souffle-t-il. En effet, dans sa promotion, on retrouve les jeunes Félix Lefebvre, à l’affiche d’Été 85 de François Ozon ou de La Passagère d’Héloïse Pelloquet , et Ella Pelegrini, qui joue dans la série Caro Nostra ou dans Les Liaisons dangereuses nouvelle génération, sur Netflix. Mais Paul Beaurepaire aussi a du talent à faire valoir. À tel point qu’il remporte le prix Olga Horstig en 2021. Ce trophée, en l’honneur de l’agente artistique serbe, permet aux élèves de 3e et dernière année d’attirer l’attention des directeurs de castings. «C’est grâce à cela que j’ai pu jouer dans la série Le Monde de demain, de Katell Quillévéré et Hélier Cisterne. Ce qui m’a ensuite permis d’avoir mon premier rôle au cinéma ensuite, dans Le Temps d’aimer, là encore de Katell Quillévéré», explique l’acteur en herbe, reconnaissant.

Une expérience qui lui a permis d’approfondir «le travail du corps, en jouant un seul et même rôle avec deux autres enfants qui incarnent mon personnage plus jeune.» Pour ce premier rôle au cinéma, Paul Beaurepaire incarne Daniel, un jeune homme né d’une union interdite pendant la Seconde Guerre mondiale. Sa mère, brisée, rencontre un nouvel homme riche et cultivé, qui cache un secret aussi lourd que le sien.

A l’affiche du prochain film de François Ozon

Si ledit film est à l’affiche dès ce 29 novembre, ce n’est pas la dernière fois que le public aura l’occasion de voir Paul Beaurepaire à l’écran. Au moment où nous rencontrons l’acteur, il est en tournage pour le prochain film de François Ozon. Un réalisateur qu’il connaissait déjà un peu avant, puisqu’il lui a offert l’opportunité de jouer crieur de journaux dans Mon Crime . Et ce n’est pas tout : Paul Beaurepaire sera aussi à l’affiche de Planète B, d’Aude-Léa Rapin, aux côtés d’Adèle Exarchopoulos, en 2024.

Jeune, et déjà bien parti pour se faire un nom dans le cinéma français. Et pourquoi pas dans la musique ? En 2022, sous le nom «Bor'up», Paul Beaurepaire a sorti un morceau de rap, intitulé «Triste rose». Mais ce n’est pas la priorité de l’artiste. Ce début de réussite, il pense le devoir «au travail, à la persévérance et au destin». Ce qui est sûr, c’est qu’il a bien fait de passer ce marché avec sa mère.