« Mais qu’est-ce qu’elle est maladroite et tête en l’air ! » « Tu dois essayer de te concentrer maintenant ! » « Il parle trop, et trop vite ! » « On parie qu’elle sera encore en retard ? »… Thibaut, Louis-Charles, Camille ou encore Marleine se souviennent des mêmes petites phrases, dévalorisantes, entendues depuis l’enfance. Celles-ci sont remontées à la surface, lorsqu’ils ont appris sur le tard, durant leurs études supérieures, qu’ils souffraient sans doute depuis toujours de troubles de l’attention, ou TDAH (pour trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité).
Ce trouble du neurodéveloppement (TND), associant à des degrés divers des difficultés à gérer son attention, des symptômes d’hyperactivité et une impulsivité, toucherait environ 6 % des enfants et 3 % des adultes. Des chiffres rappelés à la mi-novembre à l’occasion de la présentation d’une nouvelle « stratégie nationale pour les troubles du neurodéveloppement » censée améliorer le diagnostic et l’accompagnement des personnes concernées. Mais aussi favoriser leur accès à l’enseignement supérieur.
« Lorsque le diagnostic TDAH tombe, on se refait en général tout le film de sa vie, commente, Thibaut (qui a souhaité garder l’anonymat), 33 ans, aujourd’hui médecin de santé publique. L’élève “toujours dans la lune” et “distrait” dans les bulletins scolaires, avec cependant des résultats convenables. Et puis les difficultés qui explosent au moment des études supérieures lorsqu’il faut rester concentré en cours, emmagasiner beaucoup de connaissances nouvelles, organiser ses révisions, etc. »
Ces galères sont restées pendant longtemps incompréhensibles pour lui, et sources de souffrances : « Pourquoi j’ai cette impression de ne pas fonctionner comme les autres ? » En quatrième année de médecine, lors d’un stage en psychiatrie, une collègue médecin, attentive à son comportement, lui conseille de voir un spécialiste et de faire les tests TDAH… Le résultat positif lui permet de « comprendre enfin ce qui n’allait pas chez [lui] ». Mais aussi d’avoir accès à un traitement médicamenteux pour mieux gérer son attention et ses émotions pour la fin de ses études et le début de sa vie professionnelle.
Trouble émergent depuis trois ans
Alors que la loi de février 2005 (dite « pour l’égalité des droits et des chances ») a ouvert la voie à l’inclusion des enfants en situation de handicap à l’école, ces derniers poussent les portes de l’enseignement supérieur depuis une petite dizaine d’années. Du moins ceux ayant réussi à contourner les difficultés scolaires qui se sont dressées sur leur route au collège et au lycée.
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