A chaque heure de la journée, les premières notes de Clocks, du groupe Coldplay, s’invitent dans les couloirs du lycée Henri-Parriat, à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). La pop rock londonienne rythme les heures de cours et les temps de pause. Il est 15 heures ce vendredi d’octobre, Clocks retentit de nouveau, et Clément Chevau, 20 ans, ancien élève en CAP chaudronnerie, déambule dans le long couloir qui mène aux trois salles de classe préparatoire technologie et sciences industrielles (TSI), qui réunissent d’anciens lycéens de bac professionnel.
Sur le mur, on peut voir une frise sur laquelle sont inscrits le nom et l’école de chacun des alumni qui, en trois années, ont réalisé un grand saut académique, passant de la voie professionnelle à une « école d’ingé ». Clément Chevau y trouve son nom, l’ancien apprenti ouvrier est aujourd’hui élève de l’Ecole supérieure d’ingénieurs de recherche en matériaux et en infotronique.
Quelle étrange idée ! Construire un programme préparatoire, en trois années, aux concours des écoles d’ingénieurs pour des titulaires de bac pro mécanique, maintenance ou chaudronnerie… dont le niveau académique et l’investissement personnel ne correspondent pas aux prérequis de ce que l’on appelle communément la « voie royale ». « Lors de la création de cette classe, personne n’y croyait », reconnaît Eric Basset, professeur de sciences de l’ingénieur au lycée Parriat, dont il est un ancien élève.
Mais, en 2010, se forme dans cet établissement un petit commando d’enseignants, bien décidé à améliorer l’offre d’enseignement supérieur de Montceau-les-Mines. En 2008, le gouvernement Fillon avait lancé un programme : les internats d’excellence, un outil pédagogique qui accompagne des collégiens et des lycéens au plus près de leurs besoins, avec du soutien personnalisé. Une fenêtre de tir idéale pour un nouveau projet de classe préparatoire. « Un coup de bol », s’amuse Grégory Desanlis, professeur de mathématiques.
Remise à niveau importante
Après un premier refus du ministère, le projet des enseignants d’une classe préparatoire aux écoles d’ingénieurs pour les lycéens issus de la filière pro est finalement validé en avril 2010. La première rentrée à Parriat se fera cinq mois plus tard. Puis, en 2016, l’Institut Emmanuel-d’Alzon, établissement privé sous contrat à Nîmes, ouvre une quinzaine de places en prépa TSI-bac pro. Puis, en 2018, c’est au tour du lycée Gaspard-Monge, à Chambéry, d’ouvrir une classe. Ce sont les trois seuls établissements sur l’ensemble du territoire français.
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