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Aux arts et métiers, les traditions de l’école perpétuent l’esprit de corps

Les coutumes des « gadzarts », comme on appelle les étudiants de l’Ensam, transmises aux premières années, entretiennent l’identité forte propre à ce réseau d’ingénieurs, l’un des plus puissants et organisés de France. Reportage sur le campus d’Angers.

Par  (Angers, envoyée spéciale)

Publié le 10 novembre 2023 à 06h00, modifié le 23 novembre 2023 à 13h09

Temps de Lecture 5 min.

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Lucas Mallevays, étudiant de deuxième année des arts et métiers d’Angers, se tient fièrement devant sa « biaude », sa blouse grise, symbole de l’école, suspendue sur un cintre : « Après la première année, nous avons la chance de pouvoir librement décorer notre blouse grise à notre image. » Autour d’une tête de mort, rappelant les masques de la fête des Morts, au Mexique, sont inscrits de mystérieux chiffres et des lettres enflammées. « L Fuego, c’est mon surn’ss [“surnom”] et, au-dessus, c’est ma prom’ss [“promotion”] et ma fam’ss [“famille”] », détaille-t-il dans le jargon utilisé par les étudiants de l’école, l’« argadz », mélange d’argot et de vocabulaire militaire. Cette grande famille à laquelle Lucas appartient s’appelle les gadzarts, contraction de « gars des arts », qui compte environ 34 000 alumnis et constitue aujourd’hui l’un des réseaux professionnels d’ingénieurs les plus organisés.

En cette rentrée de septembre sur le campus de l’Ensam d’Angers, le soleil tape fort, et les enceintes crachent de la techno. Sur un carré de verdure ombragé, des étudiants de première année ont échangé leur biaude contre des bleus de travail. Ils s’activent, sous la surveillance des étudiants de deuxième année. Suivis de près par Lucas Mallevays, qui est aussi responsable de la communication de l’Association des élèves des arts et métiers d’Angers, nous nous frayons un chemin entre des tuyaux, des pare-chocs, un canapé, des palettes et des pneus pour atteindre Marie Albert.

Avec ses camarades bretons, les « Breizhou », cette étudiante de 21 ans, originaire de Vannes, tente de mettre au point un char avec du matériel de récupération qu’ils ont eux-mêmes chiné. « Pour le moment, nous fixons juste des planches pour renforcer la structure. Mais l’idée, c’est de faire un bateau », résume-t-elle. Réparties par groupe en fonction de leur région, les « première année » ont pour mission de construire un char à bord duquel ils pourront défiler dans les rues d’Angers. Avant de se voir remettre symboliquement les clefs de la ville par la mairie. Une tradition qui remonte à 1963 et qui témoigne de la confiance de la cité angevine envers l’école.

Fin de l’encadrement militaire

Aux arts et métiers, cette longue période d’intégration des élèves de première année, anciennement appelée « usinage », s’étale jusqu’à Noël. De nombreuses activités sont proposées par les « deuxième année » pour créer un « esprit de promotion » et leur donner accès au précieux titre de gadzart. Fondés en 1780 par le duc de La Rochefoucauld-Liancourt pour éduquer les pupilles de l’armée aux métiers d’ouvrier qualifié ou de contremaître, les arts et métiers sont une des plus anciennes écoles d’ingénieur de France. Le premier campus ouvre ses portes à Châlons-en-Champagne, avant d’être rejoint par celui d’Angers en 1815. Il en existe désormais huit.

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