Après avoir dévissé pendant des mois, les mises en chantier de logements neufs en France n'ont que peu diminué (-5,1%) de juillet à septembre sur un an à 72.146, tandis que les permis de construire étaient dans le vert sur la période

Selon l’Union sociale pour l’habitat (USH), chaque année d’ici à 2040, il faudrait construire ou remettre sur le marché 518 000 logements, dont 198 000 HLM, pour subvenir aux besoins à venir de la population.

afp.com/Pascal Guyot

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’Union sociale pour l’habitat (USH), l’organisation représentative du secteur HLM, a publié début octobre les résultats d’une étude commandée au cabinet Habitat & territoires conseil (HTC) sur le manque de logements en France selon laquelle il faudrait construire ou remettre sur le marché 518 000 logements par an d’ici à 2040 afin de pouvoir subvenir aux besoins à venir de la population. Une estimation bien supérieure à celle de la Cour des comptes il y a plusieurs mois, qui tablait sur un besoin de 370 000 logements par an.

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Pour arriver à ces conclusions, l’USH cite plusieurs facteurs. Le plus important reste celui de la lutte contre le mal-logement, problème longtemps ignoré, qui représente à lui seul un besoin de 122 000 nouveaux logements par an. Le desserrement des ménages, c’est-à-dire la baisse moyenne du nombre de personnes par ménage, notamment lié au vieillissement de la population, aux séparations plus nombreuses ou à une vie en couple plus tardive chez les jeunes, pèse également pour la nécessité de 116 000 nouveaux logements par an.

Sans oublier le remplacement de 33 000 logements trop énergivores amenés à sortir du parc immobilier, 74 000 logements supplémentaires pour répondre au solde migratoire positif dans les années à venir, ou encore 100 000 autres pour le maintien de la demande de résidences secondaires. A titre de comparaison, l’étude rappelle qu’il y a eu 430 000 logements neufs autorisés en moyenne par an entre 2017 et 2022. Il faudra donc encore faire plus pour ne pas aggraver la crise de l’immobilier.

Un besoin spécifique en logements sociaux

Si l’Union sociale pour l’habitat s’inquiète du manque de logements de façon générale, l’étude tient à mettre l’accent sur l’insuffisance de logements sociaux que va affronter la France dans les années à venir. Ainsi, parmi les 518 000 logements manquants par an, l’USH estime que 198 000 d’entre eux doivent être des logements sociaux, soit 38 % du besoin global. Ces dernières années, la France était très loin du compte, avec moins de 100 000 autorisations par an en 2021 et en 2022. Cette année, ce nombre devrait encore même être à la baisse, le ministre chargé du Logement, Patrice Vergriete, ayant annoncé que seuls 85 000 nouveaux logements sociaux seraient autorisés en 2023.

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De quoi faire dire au ministre lui-même que ce montant n’était "pas suffisant" pour résorber la crise. Une prise de conscience, même si, pour l’USH, dont le congrès annuel se tient du 3 au 5 octobre à Nantes, le gouvernement est encore loin du compte pour résoudre ce problème d’ampleur.

Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH, avait estimé dans un communiqué publié le 27 septembre dernier que le projet de loi de finances présenté par l’exécutif était "déconnecté du problème posé aujourd’hui par la crise du logement". Celle qui fut ministre du Logement de 2016 à 2017, sous François Hollande, a regretté "un manque d’ambition [dont] les locataires HLM et les ménages aux revenus modestes qui attendent un logement seront les premières victimes". Alors que Patrice Vergriete sera invité à s’exprimer en clôture du Congrès HLM, la balle semble désormais dans le camp du gouvernement pour apporter des solutions face à une crise qui ne semble que s’aggraver.

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