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Charles Monnier

L’année de césure, une parenthèse pour bien choisir : « C’est tellement normal de ne pas bien savoir où l’on va quand on a 20 ans »

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Publié le 18 novembre 2023 à 13h00, modifié le 27 novembre 2023 à 16h21

Temps de Lecture 7 min.

En septembre 2022, Pauline a décidé de faire une coupure : entre sa troisième et sa quatrième année d’études en médecine à l’université de Bordeaux, la jeune femme (qui souhaite rester anonyme) a voyagé en Amérique du Sud pendant huit mois, en amoureux, après des préparatifs minutieux pendant plus d’un an. Sur de bons rails, bien anticipé, le projet n’en a pas moins décontenancé son entourage, ses proches comme ses professeurs. « Tout le monde y est allé de son commentaire. On osait “se mettre en vacances avant même de travailler”, “rallonger des études déjà trop longues”. Un commerçant m’a dit qu’on était quand même “censé payer sa retraite”. Et puis, j’allais revenir en cours avec “des gens plus jeunes”, ai-je entendu, comme si c’était un argument dissuasif », raconte l’étudiante de 24 ans, regrettant « cette culture où il est de bon ton de dire qu’on travaille tout le temps ».

Selon elle, s’autoriser une parenthèse de huit mois, surtout en médecine, n’entre pas dans la tendance actuelle qui est à la multiplication des formations grâce aux doubles diplômes. « C’est devenu banal de faire deux masters ou deux doctorats en même temps. Je crois, pour ma part, que je vais finalement prendre mon temps », glisse-t-elle, rappelant que la crise sanitaire fut particulièrement brutale pour elle, déclenchant une dépression.

L’étudiante comprend avec le recul que même sa césure devait cocher certaines cases pour être « réussie ». « Il a fallu que je me mette dans un projet d’aventurière au bout du monde pour la justifier socialement, alors que j’aurais aussi bien pu faire une pause ici, en France, tranquillement », estime-t-elle. Cette parenthèse dans les études a pris la forme d’une année de césure formellement négociée avec l’université, telle que la prévoit la loi de 2018. Ce dispositif permet de s’éloigner des cours pendant un à deux semestres, tout en gardant sa place et son statut d’étudiant (et de boursier, si c’est déjà le cas). Pour y accéder, il faut défendre, pièces justificatives à l’appui, un projet qui devra être jugé réalisable par l’université de rattachement. « Je devais apprendre au moins deux langues… Je n’ai pas vraiment tenu tous mes engagements », s’amuse Pauline, désormais de retour en externat de médecine.

Ouverture progressive

Ce dispositif récent reste encore marginal dans les facs françaises. En cause : sa complexité, les réactions sceptiques qu’il provoque, mais aussi son mode de financement, qui repose sur les moyens de l’étudiant ou de sa famille. A l’université de Bordeaux, Aurélie Millet, chargée du pilotage des stages et césures, décompte 158 demandes de césure étudiées en commission depuis la rentrée 2023, pour quelque 55 000 étudiants, « avec des projets aussi hétéroclites qu’un service civique à la Croix-Rouge, un stage en hôtellerie au Brésil, une formation permettant d’obtenir le brevet national en ski alpin, ou encore un tour du monde en sac à dos ».

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