Stages, visites d'usines : le gouvernement va promouvoir l'industrie dans les banlieues
Résoudre la pénurie de main-d'oeuvre qui menace la réindustrialisation de la France en offrant un emploi rémunérateur aux jeunes défavorisés, tel est l'objectif du plan mixité sociale que présentera le ministre de l'Industrie mardi. Détails.
Par Ninon Renaud
La semaine de l'industrie qui se tient du 27 novembre au 3 décembre a des éléments tangibles à célébrer. 31.400 emplois nets ont été créés en 2022 dans le secteur, dont la contribution au PIB a déjà gagné un demi-point en un an, à 9,5 %. Preuve que réindustrialisation et écologie ne sont pas incompatibles, l'industrie a dans le même temps réduit de 6,4 % ses émissions de gaz à effet de serre. Elle compte, en outre, 236 start-up spécialisées dans la décarbonation de ses activités.
Au-delà des grands discours, le premier baromètre de la renaissance industrielle publié il y a huit jours par la Société d'encouragement pour l'industrie nationale illustre et objective la dynamique à l'oeuvre. Mais il pointe aussi un obstacle majeur à la réindustrialisation en cours : 100.000 postes sont vacants dans l'industrie et seuls 50 % des besoins actuels de recrutement du secteur sont satisfaits.
Un nouveau stage obligatoire en seconde
L'exécutif espère résoudre une partie de ce goulet d'étranglement au travers du « plan mixité sociale », présenté lors du quatrième sommet pour l'inclusion économique qui se tient ce mardi à Bercy. L'objectif est de rendre l'industrie sexy auprès des jeunes . Dès le mois de juin prochain, deux semaines de stage obligatoire en seconde vont ainsi s'ajouter à la semaine d'observation déjà organisée en 3e.
Dans les quartiers politiques de la ville (QPV), « la cicatrice mémorielle liée à la désindustrialisation est particulièrement profonde car ces bassins d'habitation s'étaient constitués autour de sites ayant fermé », souligne-t-on au cabinet du ministre de l'Industrie, Roland Lescure. Le chômage y évolue entre 16 % et 19 %, contre 7 % au niveau national.
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Pour l'exécutif, la pénurie de main-d'oeuvre qui menace la réindustrialisation peut, dans ce contexte, être traitée tout en renforçant la cohésion sociale. Le baromètre de la renaissance industrielle apporte un argument supplémentaire à cette analyse : à 2.773 euros net, le salaire mensuel moyen dans l'industrie est supérieur de plus de 10 % à la moyenne nationale.
Dix nouvelles écoles de production
Le plan de mixité sociale porte donc une attention particulière aux jeunes des quartiers prioritaires. Dès les prochaines vacances de f évrier, ils se verront offrir des visites d'usine en parallèle aux sorties culturelles et sportives proposées en appui du soutien scolaire en matinée. Un appel à projets pour financer dix écoles de production l'an prochain est aussi prévu, avec un prisme particulier pour des sites en QPV.
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Fruits d'un partenariat entre entreprises d'un même bassin d'emploi, collectivités locales et Etat, les 67 écoles de production existantes comptent 16 % d'élèves issus de quartiers défavorisés, soit le double de la part de la population française vivant dans ces derniers. Celles qui sont en QPV en accueillent 28 %. Pour autant, ces établissements affichent près de 95 % de réussite aux diplômes académiques du CAP et du bac pro et leurs jeunes reçoivent en moyenne cinq à six offres d'emploi chacun.
Ninon Renaud