La date ne doit rien au hasard. Le ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, a choisi le mardi 5 décembre pour annoncer, en début d’après-midi, les mesures destinées à créer le « choc des savoirs » dont il parle depuis la rentrée scolaire. Une présentation prévue quelques heures à peine après celle des résultats 2022 du Programme international pour le suivi des acquis des élèves à 15 ans (PISA) par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ; un rendez-vous triennal désormais bien connu lors duquel sont comparés les scores des élèves de plus de quatre-vingts pays en mathématiques, en compréhension de l’écrit et en sciences.
Fin connaisseur de la communication, Gabriel Attal a minutieusement préparé le terrain. Le ministre a lancé en octobre une mission baptisée « exigences des savoirs » qui vient opportunément de lui rendre ses conclusions.
Le locataire de la Rue de Grenelle a d’ores et déjà placé dans le débat public deux sujets forts que sont la constitution de niveaux au collège en français et en mathématiques et le retour du redoublement. L’objectif martelé, non sans rapport avec l’édition 2022 de PISA, repoussée d’un an en raison du Covid-19 : répondre à la « baisse du niveau ».
Cette conjonction des calendriers en dit long sur le caractère devenu incontournable de cette étude internationale. Le 3 décembre 2019, lors de la présentation des derniers résultats, le premier des ministres de l’éducation nationale d’Emmanuel Macron, Jean-Michel Blanquer, était assis aux côtés du secrétaire général de l’OCDE de l’époque, Angel Gurria.
Méfiance dans l’Hexagone
Il n’en a pas toujours été ainsi. Alors que la première édition de l’enquête, parue en décembre 2001, a provoqué un véritable « choc PISA » en Allemagne – effaré par ses résultats, le pays a engagé immédiatement une série de réformes –, cette évaluation internationale est d’abord passée presque inaperçue dans l’Hexagone. Les milieux éducatifs se méfient alors de cette étude portée par une organisation internationale décriée pour son approche anglo-saxonne et libérale.
Du côté de la Rue de Grenelle, à quelques mois de la présidentielle de 2002, le ministre de l’éducation nationale, Jack Lang, a « pour mission de calmer le jeu après la période Claude Allègre », détaille Xavier Pons, professeur en sciences de l’éducation à l’université Claude-Bernard Lyon-I, et ses équipes s’inquiètent du « risque que les résultats PISA soient perçus comme une remise en cause du travail des enseignants ». La communication sur le sujet se limite donc à dénoncer les biais de l’enquête et à minorer les résultats, qui trouvent peu d’échos en dehors des initiés.
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