C’est depuis un collège populaire du 19e arrondissement de Paris que Gabriel Attal a décidé de présenter ce qu’il appelle depuis plusieurs mois déjà son « choc des savoirs ». Un choix de lieu symbolique pour le ministre de l’éducation nationale dont le plan, dévoilé mardi 5 décembre, a tout d’un bouleversement d’ampleur pour ce niveau de la scolarité, le seul qui n’avait connu aucune réforme depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, en 2017.
S’appuyant entre autres sur les résultats des élèves français au Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), publiés quelques minutes avant qu’il ne dévoile sa réforme, le successeur de Jean-Michel Blanquer et de Pap Ndiaye a détaillé les changements qu’il entend mener pour « élever le niveau » des collégiens au nom d’une « urgence nationale ».
Si les annonces prévoient une refonte des programmes à l’école primaire ou la création en fin de 1re d’une épreuve anticipée de mathématiques et de culture scientifique au baccalauréat, c’est bien du collège que Gabriel Attal a fait « le cœur de l’électrochoc » qu’il ambitionne. « Il y aura un avant et un après », a promis le ministre en présentant deux mesures changeant le visage du collège : la création de groupes de niveau et la refonte de l’examen du brevet.
Le projet est clair : « Nous devons dès aujourd’hui sortir du collège uniforme », a lancé le ministre sans ambages. A partir de la rentrée 2024, les élèves de 6e et de 5e seront répartis en trois groupes selon leur niveau en français et en mathématiques, soit dans un tiers des enseignements dispensés au collège. Les classes de 4e et de 3e seront concernées à partir de la rentrée 2025. Les évaluations nationales pour la 6e et la 4e devraient donner des indications aux enseignants pour constituer les groupes, fait savoir l’entourage du ministre.
Pour ceux de plus faible niveau, l’effectif ne devra pas dépasser « une quinzaine » d’élèves. Pour rendre le dispositif « flexible », les collégiens pourront passer d’un groupe à un autre en fonction des progrès effectués, selon l’appréciation des équipes pédagogiques.
« Perdant-perdant »
Le ministre va encore plus loin dans la différenciation des parcours en prévoyant également que les élèves en très grande difficulté puissent avoir une scolarité aménagée avec davantage d’heures de français et de mathématiques et moins de cours dans les autres matières, le temps d’une remise à niveau.
« Après des décennies d’un glissement vers un collège plus uniforme qu’unique, j’assume de corriger ce qui ne fonctionne plus », affirme M. Attal. Evoquant les évaluations nationales de 4e – pour lesquelles un tiers des élèves sont en difficulté en mathématiques et en français –, il estime que « ce collège produit trop d’échecs et pas assez de réussite ».
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