Florence Castetbon est aux avant-postes pour observer combien, à bas bruit, Vinted torpille le marché de l’habillement. Sa boutique de décoration, Kameme Concept, à Paris, est un point de livraison des colis expédiés par Mondial Relay, dont le site de vente en ligne est le premier client en France. De la centaine de paquets remis à leurs destinataires, chaque jour, en moyenne, « soixante-dix sont des Vinted », observe-t-elle, en consultant son ordinateur. Les clients du site de vente en ligne de seconde main sont « jeunes, vieux, hommes, femmes, ils ont tous les profils », observe cette commerçante.
Car le site né en 2008 est devenu un poids lourd de l’habillement. Vinted se range au troisième rang des distributeurs de mode en ligne en Europe, derrière l’allemand Zalando et le chinois Shein, d’après Cross-Border Commerce Europe, cabinet d’études sur le commerce transfrontalier.
Sa course folle ne va pas s’arrêter de sitôt. D’après le Financial Times, les actionnaires du site ont donné mandat à la banque Morgan Stanley pour étudier la cession de 200 millions d’euros d’actions et en émettre de nouvelles, avant une introduction en Bourse. Dans un entretien accordé au Monde, Thomas Plantenga, PDG de Vinted, rappelle qu’« aucune de ces informations n’a été confirmée ». La société précise toutefois qu’un tel projet boursier est « l’une des nombreuses options possibles à long terme pour toute entreprise en développement ». Or, bien que déficitaire, Vinted demeure en phase intense d’expansion pour rendre « la seconde main aussi facilement accessible que le neuf », explique son PDG.
Première licorne de Lituanie
Fondé par deux amis, Justas Janauskas et Milda Mitkute, à Vilnius, en Lituanie, pour vendre en ligne des vêtements dont cette dernière souhaite se débarrasser, le site se développe timidement à ses débuts, en dépit de la levée de 52,2 millions d’euros entre 2013 et 2015 auprès de fonds d’investissement. En 2016, il est donné pour mort. En dernier recours, le fonds américain Insight Venture Partners, actionnaire depuis 2014, y dépêche un consultant, Thomas Plantenga, pour une mission de conseil.
Ce spécialiste néerlandais de l’économie numérique débarque de New York, change tout, ferme plusieurs bureaux européens pour ne conserver que son siège et une filiale à Berlin. Il en devient PDG. Dans la foulée, il rend gratuite l’utilisation du site pour tous ceux qui y vendent leurs articles et chargent les acheteurs de régler les quelques euros de frais de livraison et de protection. Grâce à des campagnes de publicité massives et à son slogan – « Tu ne le portes plus ? Vends-le ! » –, Vinted étend vite son offre et gagne des clients.
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