Si nous n’attendions pas grand-chose du « choc des savoirs » dévoilé le 5 décembre par le ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, nous sommes quand même déçus. Les annonces supposées remédier aux problèmes soulevés par le classement du Programme international pour le suivi des acquis des élèves de 15 ans (PISA) sont encore plus violentes et inadaptées que prévu.
Elles s’adressent à une certaine frange de l’opinion publique prompte à épouser les préjugés sur l’école et qui se laisserait facilement convaincre par un discours fleurant bon la nostalgie des encres violettes s’il s’agit de protéger leurs enfants – un souci bien légitime. Nous nous doutions que les propositions n’auraient rien de progressistes, mais pas qu’elles seraient à ce point réactionnaires, voire dangereuses pour notre école publique.
Reprenons donc : le 5 décembre ont été publiés les résultats très attendus de l’enquête PISA, qui propose un portrait du niveau de réussite des élèves des pays de l’OCDE, selon les disciplines et les appartenances sociales. Quoi que l’on pense de PISA et de l’usage concurrentiel qui en est fait par les politiques et les médias, les chiffres obtenus restent des indicateurs pertinents pour mesurer les écarts existant entre l’intention affichée de démocratisation scolaire et la réalité des faits.
Cette année, le diagnostic reste implacable : la France continue à siéger dans le quarteron des pays les plus inégalitaires, c’est-à-dire ceux pour lesquels la réussite scolaire est très fortement indexée au niveau social des élèves. Mais la situation est encore pire que les années précédentes. Partout, les effets de la pandémie de Covid-19 sont visibles ; chez nous, cela se double d’un fort décrochage en mathématiques. Tous les signaux sont au rouge donc et appelaient au minimum une introspection humble pour tirer un véritable bilan des effets délétères des réformes éducatives qui se sont succédé depuis qu’existe l’enquête PISA (1997).
Contre-productif
Il ne fut évidemment pas question d’humilité dans la mise en scène de l’annonce du « choc des savoirs », communication bien rodée, prête à être dégainée quelques minutes après l’annonce des résultats. Aucune critique de ses prédécesseurs, à commencer par Jean-Michel Blanquer, responsable de la suppression des mathématiques du tronc commun au lycée et inactif sur le collège, qui n’a jamais jugé bon de se pencher sur une étude scientifique ne relevant pas de sa passion pour les sciences cognitives – affirmant même son mépris de la sociologie de l’éducation. Aucune critique donc et, pire encore, la décision « assumée » de M. Attal de poursuivre l’entreprise de destruction massive de son mentor, sous couvert de lutter contre les inégalités scolaires.
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