Inédit, l’accord adopté mercredi 13 décembre à Dubaï l’est à plus d’un titre. Dans sa déclaration finale, la 28e Conférence des parties sur le climat (COP28) n’a pas seulement insisté sur la nécessité de s’écarter des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon). Le texte a aussi appelé à « accélérer » le développement du nucléaire, en tant que source d’électricité bas carbone. « Une victoire diplomatique pour la France », a considéré d’emblée la ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.
Pour le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Argentin Rafael Mariano Grossi, « l’inclusion de l’énergie nucléaire » dans le texte « démontre qu’il existe désormais un consensus mondial sur la nécessité de développer cette technologie propre et fiable pour atteindre nos objectifs vitaux en matière de changement climatique et de développement durable ».
Ce moment marque « tout simplement une étape historique », ajoute-t-il. Les partisans de l’atome y voient la confirmation de son retour en grâce, douze ans après l’accident japonais à la centrale de Fukushima, malgré des critiques persistantes sur l’enjeu des déchets radioactifs.
« Neutralité technologique »
Le texte final de la COP28 respecte « une neutralité technologique dans les solutions bas carbone », souligne Ludovic Dupin, directeur de l’information de la Société française d’énergie nucléaire. Sans « tabou » ni « dogmatisme », apprécie-t-il. L’accord range en effet le nucléaire parmi diverses technologies à encourager. C’est-à-dire avec les énergies renouvelables (solaire, éolien, par exemple), la capture et le stockage du carbone, ou encore l’hydrogène.
Ce principe de neutralité pouvait déjà s’observer sur le plan continental. Depuis le 7 décembre, le Conseil de l’Union européenne classe ainsi le nucléaire parmi les « technologies stratégiques », dans le cadre de négociations sur un règlement européen pour l’industrie.
Restent tout de même quelques défis à relever, et non des moindres. « Nous espérons que cette reconnaissance mondiale contribuera à propulser la croissance de la main-d’œuvre nucléaire et à débloquer le financement dont le secteur a besoin », déclare au Monde l’Américain William Magwood, directeur général de l’Agence pour l’énergie nucléaire, rattachée à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). « Ces deux éléments sont cruciaux si le secteur nucléaire veut concrétiser son potentiel et réduire les émissions de carbone tout en assurant la sécurité énergétique. »
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