La "Prépa zéro", pénalisante sur Parcoursup pour entrer en PASS ou L.AS ?
DOSSIER - La "P0", cette année blanche entre le lycée et l'université où les étudiants bénéficient de l'accompagnement d'une prépa privée avant d'entrer en PASS ou en L.AS serait plus désavantageuse que prévu. Sur Parcoursup, certaines universités en font la chasse, avec plus ou moins de transparence.
Chaque année, les étudiants sont une poignée, à la sortie du bac, à se lancer dans une année de prépa pré-PASS. Souvent appelée "P0" ("Prépa zéro"), il s'agit d'une année de transition entre le lycée et l'université. Les étudiants ont un an pour se mettre dans le rythme effréné des études de santé.
Un an pour se préparer, sans même savoir s'ils auront bien une place sur Parcoursup en PASS ou en L.AS l'année suivante, nécessaire pour accéder aux études de santé (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie).
Déjà mal perçue par les universités, cette formation - qui n'est pas nouvelle - a de plus en plus de mal à convaincre. Car même si l'accès en PASS et en L.AS se veut non-sélectif, la réalité est bien plus complexe.
La "P0", une année pour se remettre à niveau et prendre confiance
Les prépas présentent cette année comme une année intensive : "L’étudiant apprend à travailler 8 à 10 heures par jour", peut-on lire sur la fiche de présentation d'Excosup.
Aux Cours Avicenne, à Lyon (69), la P0 est décrite comme une "année de PASS pour de faux, un redoublement anticipé" : les étudiants sont traités comme ceux déjà inscrits en première année d'études de santé, "avec la même pression, le même rythme que les autres", confirme son directeur, Thibaut Santolaria.
Pour beaucoup, cette année de prépa leur permet de gagner en confiance avant d'entrer dans le supérieur, même si la plupart ont déjà obtenu une proposition d'admission en PASS ou en L.AS sur Parcoursup.
"Ce sont de très bons étudiants qui ont peur d'échouer, c'est une façon de se rassurer", poursuit le directeur des Cours Avicenne, qui accompagnent seulement deux élèves en P0 cette année.
Et puis, il y a les déçus de Parcoursup : ceux qui n'ont pas obtenu de place en PASS ou qui souhaitent se réorienter vers les études de santé. La P0 leur sert de remise à niveau.
"On accepte des étudiants dont on est sûr qu'ils peuvent y arriver. Par exemple, on considère que ce sera plus difficile pour les bacheliers professionnels, que cela risque de créer des groupes hétérogènes et donc personne ne va sortir gagnant", explique Yanis Khedis, co-directeur de la prépa CPCM (Paris) qui accueille une trentaine d'étudiants dans un "PASS zéro" à 9.200 euros l'année.
Sur Parcoursup, priorité aux néobacheliers
Le directeur parisien ne parle pas de cette formation à tous les aspirants. "C'est peu sécurisant d'aller en P0. On leur conseille de conserver leur vœu reçu sur Parcoursup plutôt que d'opter pour cette année de transition, car ils ne sont pas sûrs de retrouver cette place l'année suivante", concède-t-il.
En effet, pour intégrer les études de santé, que ce soit via un PASS ou une L.AS, ce sont les résultats obtenus au lycée qui sont principalement regardés par les établissements : les notes de première et de terminale dans les matières scientifiques, ainsi que les résultats en français et en anglais.
Lorsqu’un élève a suivi une prépa zéro, difficile de mettre en avant cette année dans son dossier Parcoursup. Loïc Josseran, doyen de l’UFR santé à l’UVSQ (université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), est sans appel : "P0 = zéro chance. Ils perdent des places car ils ne sont pas néobacheliers".
À l'université de Poitiers (86), le doyen le confirme aussi : seuls les néobacheliers "sont prioritaires sur Parcoursup".
Être vigilant quand on choisit une prépa zéro
Les risques sont pourtant bien connus des prépas. Celles qui ont accepté de répondre à l'Etudiant affirment informer les élèves, même si cela n'est pas stipulé sur leurs sites Internet. "Beaucoup de familles nous ont dit qu'elles avaient peur et je leur ai répondu qu'elles avaient raison", prévient Yanis Khedis.
Aux Cours Avicenne, le directeur n'hésite pas à le dire : "Le simple fait d'être inscrit en prépa est pénalisant." Et ce, même s'il ne devrait pas y avoir de discrimination de la part de l'université. "Il n'y a rien d'écrit dans la réforme disant que c'est interdit", appuie Jean-Christophe Gout, responsable du développement à la prépa SUP'Perform à Montpellier (34).
Rien dans la réforme Parcoursup ou dans celle des études de santé d'ailleurs. Même si l'information a été confirmée par plusieurs doyens, statistiquement les données du SIES ne permettent pas d’affirmer la différence de traitement entre les candidats néobacheliers ou non, même si la très grande majorité des étudiants en PASS-L.AS sont néobacheliers.
Sans compter que sur Parcoursup, chaque formation du supérieur applique des critères de tri des candidats via un algorithme qui lui est propre.