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Les agriculteurs de moins en moins nombreux, de plus en plus âgés

La France a perdu les trois quarts de ses agriculteurs en cinquante ans. Au dernier recensement agricole, en 2020, la France comptait 400.000 exploitations, mais nettement plus d'agriculteurs âgés qu'il y a dix ans.

La proportion d'agriculteurs âgés et sans successeurs connus a fortement augmenté au cours des dix années écoulées.
La proportion d'agriculteurs âgés et sans successeurs connus a fortement augmenté au cours des dix années écoulées. (iStock)

Par Marie-Josée Cougard

Publié le 16 déc. 2023 à 11:05Mis à jour le 18 déc. 2023 à 10:12

Le nombre d'agriculteurs ne cesse de diminuer en France. De 1,6 million en 1970, ils n'étaient plus que 389.000 lors du dernier recensement agricole effectué en 2020. En l'espace de dix ans, 100.000 fermes ont disparu. C'est une tendance lourde du monde développé. Donc rien de surprenant ni de très inquiétant sans doute, d'autant que la surface agricole est globalement stable et que la productivité continue d'augmenter.

En revanche, phénomène plus troublant, la proportion de chefs d'exploitation âgé a notablement progressé au cours des dix dernières années. Près de 60 % des agriculteurs avaient 50 ans ou plus en 2020. C'est 6 % de plus qu'en 2010, selon les données du recensement. Plus grave, près de la moitié d'entre eux ne connaissaient pas leur successeur.

Il n'est plus exceptionnel de voir démissionner des agriculteurs à l'âge de 40 ans, ou d'entendre qu'ils ne souhaitent pas que leurs enfants fassent le même métier qu'eux. Ce sont ces évolutions qui ont conduit le gouvernement à proposer un pacte et une loi d'orientation et d'avenir pour tenter de pallier ce qui est devenu un manque d'attractivité du métier agricole.

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L'érosion démographique ne touche pas tous les secteurs de l'agriculture de la même façon, selon les chambres d'agriculture. « Elle affecte nettement moins les productions végétales que l'élevage, en repli inquiétant ». L'élevage pâtit des mises en cause répétées sur le thème du bien-être animal, de la pollution et des émissions de méthane. Les évolutions les plus frappantes concernent l'élevage laitier et le secteur de la viande bovine.

S'agissant du lait, le leitmotiv des abandons est celui des contraintes liées à la traite des vaches sept jours sur sept et deux fois par jour. Lorsque des difficultés financières ou de vie personnelle se greffent sur ces situations, elles provoquent découragement et parfois départs, dans des bassins laitiers pourtant traditionnels, comme la Normandie ou la Bretagne.

Problème d'image

Dans le cas de l'élevage de bovins destinés à la production de viande, l'insuffisance des revenus est systématiquement invoquée. Les producteurs de viande arrivent toujours en queue de peloton. Les abandons ou l'absence de successeurs ont fini par déboucher sur un manque de matière première pour les industriels de la viande, dont les abattoirs ne tournent plus assez pour couvrir les coûts fixes. Les éleveurs de volailles et de porcs se heurtent à d'autres problèmes, dont l'hostilité du voisinage, qui invoque nuisances, bruit et odeurs, ne fait qu'ajouter aux difficultés.

Pour tous les élevages, se pose la question du niveau des investissements nécessaires lors de l'installation pour financer les bâtiments et le matériel. « Le capital à mobiliser s'est considérablement accru au point d'être parfois dissuasif », expliquent les chambres d'agriculture.

La diminution du nombre d'agriculteurs s'est traduite par une augmentation de la taille des exploitations, qui mesurent en moyenne désormais 69 hectares. C'est 14 hectares de plus qu'en 2010, mais trois fois moins que les fermes américaines, qui sont estimées en moyenne à 178 hectares.

Marie-Josée Cougard

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