Elles seront plus de 700 000 familles, mercredi 20 décembre, jour de l’ouverture de la plate-forme d’orientation postbaccalauréat Parcoursup, à tenter de se frayer un chemin dans le dense maquis des diplômes. Comme les arbres d’une forêt, quelques-uns sont facilement identifiables, d’autres portent un ramage trompeur. Sur le site du ministère de l’enseignement supérieur, lycéens et parents peuvent arpenter les sentiers de quelque 23 000 formations. Elles sont proposées par des universités mais également par des établissements d’enseignement supérieur sous contrat avec l’Etat et des organismes privés.
Pour apprécier la valeur académique ou professionnelle des formations en question, il existe des visas, des grades, des titres, des labels, des accréditations nationales et internationales auxquels les lycéens, qui sont pourtant les premiers concernés, ne sont pas préparés. Parallèlement à ce dédale officiel, coexistent aussi des écoles privées qui recrutent exclusivement en dehors de la plate-forme : elles préparent à des « diplômes d’établissement », ajoutant un nouveau degré de complexité dans un système déjà peu clair.
En décembre 2022, Martin (le prénom des étudiants a été changé), 17 ans, en classe de terminale dans un lycée public des Hauts-de-Seine, a une vision assez floue de son orientation. Il aime le sport et veut faire du « business ». Alors le jeune homme écume les salons où se pressent les écoles à la recherche de potentiels futurs étudiants pour la rentrée 2023. A l’entrée de l’un de ces marchés de l’enseignement supérieur, le logo d’un établissement scintille à ses yeux, il se souvient avoir lu : « ISG [Institut supérieur de gestion], l’école des métiers du sport business » : le « match » parfait !
L’ISG Sport Business Management, un programme de l’ISG, propose un bachelor, un cursus en trois ou quatre ans venu des pays anglo-saxons, un voyage aux Etats-Unis, et les clefs qui feront de lui un manager de sportifs de haut niveau. Pour Martin et sa famille, l’ISG est la garantie d’une formation de qualité. L’établissement est le navire amiral des écoles de management du groupe privé Ionis (vingt-neuf écoles, environ 35 000 étudiants), et il est membre de la Conférence des grandes écoles, une association d’établissements de l’enseignement supérieur riche de 238 membres, tous reconnus par l’Etat, délivrant un diplôme de grade master.
Désillusion
Quelques semaines plus tard, le lycéen contracte un emprunt de 30 000 euros afin de payer environ 8 000 euros de frais de scolarité par an. Ses parents se portent caution. A la rentrée, la désillusion est brutale : il découvre que l’ISG Sport Business Management, l’école qu’il a intégrée, bien qu’elle fasse partie du groupe Ionis, n’a en rien le statut de l’ISG.
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