C’est le nouvel outil introduit en 2023 pour détecter et lutter contre le harcèlement à l’école : un questionnaire d’autoévaluation anonyme, construit avec des professionnels de la santé mentale des jeunes et destiné aux élèves du CE2 à la terminale. Comme l’avait souhaité le ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, cette grille de questions devait être distribuée en novembre à quelque 7,5 millions d’enfants et d’adolescents pour vérifier s’ils étaient « susceptibles d’être victimes de harcèlement scolaire ».
Les réponses remontées par un échantillon d’établissements permettront au ministère de l’éducation de disposer de données actualisées à partir desquelles quantifier le nombre d’élèves victimes de ce fléau, dont l’ampleur reste mal mesurée. De sources syndicales, les services statistiques du ministère n’ont pas terminé de les analyser.
Au-delà de la visée statistique, la distribution de ces questionnaires, qui devait s’insérer dans un temps d’échange de deux heures autour du harcèlement, était également destinée à « libérer la parole » des élèves.
La grille de questions les invitait à évaluer s’ils s’estimaient concernés « très souvent », « souvent », « parfois » ou « jamais » par des situations spécifiques, comme le fait de manger seul, d’être l’objet de moqueries, d’avoir peur d’aller en classe, d’être impliqué dans des violences, d’être objet ou témoin de messages insultants sur les réseaux sociaux… Certaines questions, adaptées à l’âge de chaque élève, portaient également sur d’éventuelles violences à caractère sexuel.
Questionnaires « peu adaptés aux plus jeunes »
« Les enfants ont en effet beaucoup parlé », constate Johanna Cornou, référente directrice d’école pour le SE-UNSA. Dans son école, les deux heures consacrées au sujet se sont parfois muées en une journée d’atelier pour les élèves. « Le fait que les questionnaires portent sur des situations très précises et concrètes a aussi permis à certains, surtout chez les plus grands, de se rendre compte qu’ils avaient eux-mêmes des comportements qui pouvaient s’apparenter à du harcèlement », a-t-elle aussi observé.
La collecte de ces réponses par centaines, si elle a pris un temps conséquent aux équipes, a permis, selon les professionnels, de cerner des « ambiances de classe ». « On a pu repérer des problèmes dans des groupes, en reparler avec les classes concernées, inviter les élèves à venir en parler à un adulte », rapporte Yvon Manac’h, proviseur à Fonsorbes (Haute-Garonne) et secrétaire académique du SNPDEN-UNSA, syndicat majoritaire des chefs d’établissement.
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