«Ce que veut nous dire Spinoza, c’est qu’il n’y a pas de liberté absolue dans l’être humain. Cela n’existe pas, un homme qui serait affranchi de toute influence. Il n’y a pas de liberté, il n’y a que des libérations», déroule Denis Guillec. Dans une salle sans charme du lycée Ampère, sur la presqu’île de Lyon, le professeur de philosophie, crâne rasé et boucle dorée à chaque oreille, parle pouvoir du corps, libre arbitre, passion. «Les libérations ne peuvent passer que par les prises de conscience et l’analyse. Ce principe spinoziste est l’inspiration du freudisme», poursuit-il.

Face à lui, dix esprits attentifs, un peu impressionnés, nous avoueront certains, par la prestance de cet homme érudit au langage châtié. La philo, pour eux, c’est assez neuf. Un tel niveau d’exigence aussi. L’an passé, ces étudiants ont intégré la classe préparatoire aux grandes écoles économiques et commerciales, voie professionnelle (ECP), autrement dit une prépa destinée aux élèves titulaires d’un bac pro. Elles ne sont que quatre en France, l’ouverture des établissements prestigieux aux lycéens professionnels – qui représentent un tiers des lycéens – étant, dans tous les secteurs, ultra marginale.

Contrairement à leurs camarades des voies générale et technologique, ces étudiants n’avaient pas de philo au lycée. Pour cette matière comme pour les autres, ils ont bénéficié d’un an de remise à niveau, leur prépa s’étalant sur trois années au lieu de deux. «Au lycée professionnel, ils