« Mais quel parcours du combattant ! » C’est avec une pointe d’énervement que Marie-Anne évoque la dernière session de Parcoursup, lors de laquelle elle a activement aidé son fils à formuler ses vœux sur la plate-forme. A défaut de trouver « des informations précises sur ses chances réelles d’être admis dans les formations qu’il visait », cette mère de famille parisienne (qui ne souhaite pas donner son nom) s’est plongée « par dépit, mais aussi un peu par hasard » dans les open data de Parcoursup.
Elle a découvert que ces données, qui n’étaient pas accessibles au grand public avant 2018 et l’avènement de Parcoursup, « offraient en fait bien plus d’informations sur le profil des admis des années précédentes » que le site officiel. Ce dernier met en effet en avant, selon elle, des indicateurs « assez vagues » sur les attendus et éléments d’appréciation des candidatures : « vos résultats scolaires comptent pour x % de la grille d’analyse des candidatures », « votre savoir-être pour x % », etc. Ainsi que des informations très générales sur le type de bac des admis, les taux d’accès, ou encore le pourcentage de boursiers dans les 23 000 formations que compte la plate-forme.
Alors que dans les données ouvertes de Parcoursup, on trouve des informations sur le niveau des candidats acceptés lors des sessions précédentes (à travers leur mention au bac notamment), sur les spécialités qu’ils ont suivies, leur origine géographique, leur sexe, etc. Marie-Anne estime ainsi que ce sont ces informations-là qui ont réellement permis à son fils de faire des vœux « cohérents avec son niveau », relativement moyen. Mais aussi de « moins stresser » pendant l’attente des résultats, pour finalement entrer dans la licence santé et société de l’université Paris-Nanterre, où il est aujourd’hui un étudiant épanoui.
« Pour aider mon fils à s’orienter, j’ai donc dû me fader les open data de Parcoursup. Mais c’est tordu, et discriminant », résume-t-elle. Car tout le monde n’a pas la chance d’avoir une mère cadre supérieure dans le secteur de la politique de la ville, capable de trouver, puis d’exploiter les tableaux de données complexes mis à disposition sur le site open data du ministère.
C’est entre autres pour cette raison que plusieurs initiatives émergent ces dernières années sur Internet pour proposer des outils gratuits d’aide à l’orientation s’appuyant sur ces photographies chiffrées des admis dans les formations. Parmi ces nouveaux outils, on compte SupTracker. Déjà accessible en version bêta depuis septembre 2023, celui-ci sera officiellement lancé en janvier, à l’ouverture de la session 2024 de Parcoursup. « L’objectif de notre moteur de recherche est de simplifier, pour le plus grand nombre de candidats possibles, l’énorme masse d’informations mise à disposition par le ministère, afin de les aider à s’orienter », confirme Nagui Bechichi, l’un des deux concepteurs de l’outil, chercheur en économie affilié à l’Institut des politiques publiques. Pour chaque formation, une visualisation résume la répartition des candidats admis selon leur filière, leur mention au bac, leur statut de boursier ou encore leur académie d’origine.
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