« Aujourd’hui, c’est le bazar total », a prévenu François-Xavier Richard. Mais pourrait-il en être autrement dans une entreprise du patrimoine vivant extrêmement sollicitée ? A la veille de ce dernier week-end de novembre, l’Atelier d’Offard se prépare à organiser démonstrations, projections, et vente de créations pour ses journées portes ouvertes prévues début décembre. Une partie de l’équipe est à Nantes pour assurer la pose d’un papier peint au Musée Dobrée, en rénovation, tandis qu’une autre finalise un gros projet à livrer dans quelques jours.
Un artisan travaille sur la reconstitution d’un papier peint du XIXe siècle. Un autre reproduit au pochoir un motif de feuillage grenat sur papier peint ocre gaufré, une commande pour un palais russe. Dans l’atelier, les « pschitts » du pistolet à peinture se mêlent à la musique de Big Boss Man, qui joue à plein volume. Cette fabrique de papiers peints à la planche est née en 1999, à Saumur (Maine-et-Loire), sur l’île d’Offard, et le lieu a donné son nom à l’atelier, aujourd’hui installé à Tours.
Son fondateur, François-Xavier Richard, s’est pris de passion pour cette technique traditionnelle d’impression, en vogue aux XVIIIe et XIXe siècles, lorsque, jeune diplômé des Beaux-Arts d’Angers, il se retrouve dans un lycée à animer un atelier d’arts plastiques destiné à sensibiliser les élèves aux métiers manuels.
« C’était en partenariat avec Véronique de Bruignac-La Hougue, conservatrice en chef du département des papiers peints au Musée des Arts décoratifs de Paris, et la manufacture Mauny, une des deux dernières entreprises de France à fabriquer du papier peint à l’ancienne, raconte-t-il. Conquis par cette technique, j’ai enseigné pendant un an, avant d’être engagé chez Mauny. A un moment, il a même été question que je reprenne la boîte, mais je n’avais pas les moyens de la racheter. »
Des taches de peinture façon Jackson Pollock
En montant l’Atelier d’Offard, François-Xavier Richard a en tête de perpétuer un savoir-faire artisanal en voie de disparition, dont il a éprouvé le fort potentiel pictural. Mais son projet table également sur une approche plus créative, qui implique d’imaginer de nouvelles technologies. « A la fin des années 1990, il n’y avait personne, par exemple, pour reconstituer les décors en papier peint des monuments historiques, qui étaient alors uniquement reproduits en sérigraphie. » Aidé de son père, le plasticien a fabriqué ou adapté toute une série de machines et d’outils, de manière à contrôler le processus de création et de fabrication dans son ensemble.
Il vous reste 68.7% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.