Il y a eu le cas de Nanterre où, peu avant les vacances de Noël, un tag menaçant de mort un enseignant d’histoire-géographie du lycée Joliot-Curie a été découvert dans l’enceinte de l’établissement. Celui d’Ecquevilly (Yvelines), où une professeure d’arts plastiques du collège a dû être hospitalisée à la même période après avoir bu une boisson que lui avait tendue l’un de ses élèves lors d’un goûter de fin d’année, et qui contenait du détergent. Dans le même département, quelques jours plus tôt, un élève du lycée privé Blanche-de-Castille, au Chesnay-Rocquencourt, placé depuis sous contrôle judiciaire, avait proféré des menaces de mort à l’encontre de son professeur de mathématiques sur un réseau social. Le 13 décembre 2023, à Rennes, c’est une collégienne, « dangereuse pour elle-même », selon l’expertise psychiatrique, qui a brandi un couteau face à son enseignante d’anglais qu’elle disait vouloir tuer.
Début décembre, des parents d’élèves du collège Giraud, à Bastia s’en sont également pris verbalement à un enseignant. Il y a encore eu l’exemple de Libourne, en Gironde, où une lettre à caractère raciste menaçant de tuer une enseignante, nommément ciblée, ainsi que les élèves « arabes » du lycée Jean-Monnet, a été retrouvée dans l’établissement. Peu avant, un collège voisin avait déjà été le théâtre d’agressions envers un enseignant et des membres du personnel de la vie scolaire.
La fin de l’année 2023, déjà marquée par l’assassinat de Dominique Bernard, professeur de lettres tué devant son lycée, à Arras, le 13 octobre, a vu s’accumuler les cas médiatisés d’incidents, de menaces et d’agressions visant des enseignants ou du personnel éducatif. Les établissements ont également été mis sous tension par plusieurs centaines d’alertes à la bombe depuis septembre, les obligeant à fermer, parfois plusieurs jours, et alimentant un climat anxiogène. Ces événements, traumatisants pour toutes les équipes qui en sont victimes, avivent l’inquiétude de nombreux membres du personnel de l’éducation nationale : sont-ils le signe d’une dégradation du climat scolaire et d’une hausse des violences à l’encontre du monde enseignant et éducatif ?
« Effet loupe indéniable »
Chez tous les observateurs, la prudence prévaut quant à l’interprétation des faits des dernières semaines, dont rien ne permet encore de déterminer s’ils sont le symptôme d’une multiplication des violences ou de la médiatisation accrue d’un phénomène existant et de moins en moins toléré par la profession.
Depuis l’assassinat de Samuel Paty, tué en octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet lors d’un de ses cours sur la liberté d’expression, puis celui de Dominique Bernard, « il y a un effet loupe indéniable, avec des médias qui se font l’écho de situations qui restaient auparavant cantonnées aux établissements, peut-être parce que les plaintes des collègues sont plus systématiques », observe Sophie Vénétitay, secrétaire générale du premier syndicat du secondaire, le SNES-FSU. « Les choses sont moins tues par la profession, qui veut désormais que les choses se sachent, et le contexte incite aussi à une vigilance redoublée qui conduit à rendre publics davantage de cas », abonde Elisabeth Allain-Moreno, du SE-UNSA, deuxième force syndicale chez les enseignants.
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