Alors que la dernière enquête du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), le 5 décembre, a créé un choc en France, en montrant une dégradation sans précédent des performances des élèves de 15 ans en mathématiques, elle a consacré, une fois encore, les bons résultats du Canada. Les élèves canadiens figurent dans le groupe de tête des quatre-vingt-un pays étudiés par l’Organisation de coopération et de développement économiques, se classant à la 9e place. Les jeunes Français sont, eux, relégués entre la 15e et la 29e position, selon que sont évaluées leurs capacités à « formuler », « employer », « raisonner » ou « interpréter » les mathématiques.
Les spécialistes canadiens en sciences de l’éducation se gardent d’exulter. « Un seul test ne saurait évaluer l’ensemble d’un système éducatif », fait remarquer l’un d’eux, d’autant qu’il est difficile de produire une analyse nationale : l’éducation relevant de la compétence des treize provinces et territoires, il existe de multiples approches au sein de la fédération canadienne. Les experts avancent néanmoins quelques éléments tangibles de nature à expliquer la place de choix obtenue, notamment par le Québec, où les élèves ont obtenu des résultats supérieurs à la moyenne canadienne.
« Le premier facteur d’explication tient à notre mode d’enseignement des mathématiques, très différent de celui qui prévaut encore en France, par exemple », affirme Stéphane Cyr, professeur de mathématiques à l’université du Québec, à Montréal, et titulaire d’une chaire Unesco de comparaison des systèmes éducatifs. Dans la province québécoise, une vaste réforme du système éducatif mise en place en 2001 a imposé aux enseignants, non sans quelques contestations, la généralisation de la méthode dite d’« approche par compétences ». « Ce qui nous importe est d’aider les enfants à construire un raisonnement, à trouver un sens à ce qu’ils font », explique Stéphane Cyr.
Attractivité de la profession
Quand les écoliers français commencent par apprendre le b.a.-ba des maths avant de découvrir ce qu’ils pourraient en faire, c’est en cherchant à résoudre un problème, le plus possible en lien avec la vie réelle, que les jeunes Québécois acquièrent les contenus mathématiques. « Résoudre une situation » et « utiliser un raisonnement mathématique » sont d’ailleurs les deux seules compétences évaluées tout au long de la scolarité en cycle élémentaire, chaque écolier étant encouragé à avancer à son rythme. La stabilité des méthodes et des programmes – la dernière réforme de l’éducation au Québec remonte donc à plus de deux décennies – n’est probablement pas non plus étrangère aux résultats positifs.
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