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Défense : l’industrie française menacée par de nouveaux concurrents

Troisième pays exportateur mondial d’armes, la France perd toutefois du terrain face à la Corée du Sud, la Turquie et Israël.

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Publié le 07 janvier 2024 à 16h17, modifié le 08 janvier 2024 à 11h49

Temps de Lecture 4 min.

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Le Rafale F4, sur la base aérienne de la marine française de Landivisiau (Finistère), le 19 octobre 2023.

La France arbore fièrement la réussite de ce qu’il est convenu d’appeler la base industrielle et technologique de défense (BITD) : 4 000 entreprises travaillant pour les armées, dont 450 sont jugées stratégiques et 600 exportent dans le sillage des géants Airbus, Dassault Aviation, Nexter, Naval Group, MBDA, Thales ou Safran.

Née dans les années 1960 de l’ambition gaulliste d’indépendance, elle produit presque tous les équipements militaires, évitant aux forces terrestres, navales et aériennes de les acheter « sur étagère » aux Américains et aux autres Européens.

Cette ambition a une faiblesse, inhérente au statut de puissance moyenne de la France : ses armées offrant un débouché limité, la BITD doit exporter pour survivre. Et le Rafale pèse lourd avec ses moteurs Safran, son électronique Thales et ses missiles MBDA : en 2022, les quatre-vingts avions de combat de Dassault vendus aux Emirats arabes unis ont représenté les deux tiers des 27 milliards d’euros d’exportations du pays sur ce marché, en le portant à la troisième place mondiale, derrière les Etats-Unis et la Russie.

« La France est monoproduit. Sans le Rafale, elle serait marginalisée », note Marc Chassillan, ingénieur de l’armement et consultant défense. En recul en Europe, elle est aussi de plus en plus dépendante des pays du Moyen-Orient. Elle peine à vendre frégates et sous-marins sur un marché très concurrentiel. Ses industriels ont abandonné l’équipement du fantassin et ne produisent plus de chars Leclerc, un échec à l’export. Les véhicules blindés Jaguar et Griffon, plutôt conçus pour des conflits asymétriques (Afghanistan, Sahel…), n’ont trouvé preneur qu’en Belgique grâce à une étroite coopération militaire entre Paris et Bruxelles. Si le canon Caesar est très demandé, Nexter ne peut répondre à toutes les demandes.

Une « offre pléthorique »

Dans l’armement terrestre, « l’offre mondiale est devenue pléthorique », rappelle M. Chassillan. Des exportateurs de second rang pointent le bout du canon (Emirats arabes unis, Brésil, Afrique du Sud, Egypte…), mais les poids lourds historiques du marché de la défense s’inquiètent de concurrents plus redoutables : la Corée du Sud, la Turquie et Israël. « [Ces acteurs] bénéficient d’une montée en gamme de leurs produits et d’un contrôle export désinhibé », souligne le rapport 2023 du gouvernement au Parlement sur les exportations d’armes, alors que « la concurrence intra-européenne ne faiblit pas ».

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les canons Caesar, vitrine de l’économie de guerre

Quand la Pologne a commandé à la Corée du Sud 1 000 chars K2, 500 obusiers K9, des centaines de missiles et cinquante avions FA-50, en 2022, les industriels du Vieux Continent ont été surpris, sans pouvoir riposter. Ni l’allemand Krauss-Maffei Wegmann ni l’américain General Dynamics n’étaient capables de livrer autant de chars, respectivement Leopard 2 et Abrams. Pas plus que Nexter des Caesar ou Airbus des dizaines d’avions Eurofighter. Dans une Europe qui avait écarté durant trente ans le scénario d’un conflit de haute intensité, l’outil industriel s’est atrophié.

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