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Décryptage

Emmanuel Macron lance l'acte 2 des réformes en multipliant les annonces

Lors de sa conférence de presse ce mardi soir, le chef de l'Etat a annoncé une loi Macron 2 ainsi qu'une deuxième étape de la réforme du marché du travail. Il souhaite également relancer la natalité, amplifier les réformes sur l'école et renforcer la rémunération au mérite. Le point sur toutes ses annonces.

Emmanuel Macron a notamment annoncé, pour continuer de lever les blocages et les freins à l'innovation, une loi Macron 2 pour la croissance, pour « lutter contre les rentes », pour la simplification.
Emmanuel Macron a notamment annoncé, pour continuer de lever les blocages et les freins à l'innovation, une loi Macron 2 pour la croissance, pour « lutter contre les rentes », pour la simplification. (Ludovic MARIN/AFP)

Par Isabelle Ficek

Publié le 16 janv. 2024 à 21:02Mis à jour le 17 janv. 2024 à 10:18

Contre l'idée d'un deuxième quinquennat enlisé, Emmanuel Macron a voulu ce mardi soir lors de sa conférence de presse, convaincre d'un retour au macronisme des débuts, à ce qui avait marqué les premiers mois de son premier mandat, avec des réformes économiques et sociales risquées, lancées tambour battant jusqu'à la crise des « gilets jaunes ».

Lors de son propos liminaire, le chef de l'Etat a estimé que c'est cette action menée depuis six ans et demi qui a permis d'avoir « des forces retrouvées ». « Nous sommes mieux armés, mais où allons-nous ? » a-t-il lancé.

« Nos enfants vivront mieux demain que nous aujourd'hui »

Lui qui cherche depuis sa réélection la martingale pour accélérer, lui qui a aussi souligné combien les crises se conjuguent, s'est dit « convaincu que nous avons tous les atouts pour réussir et que nos enfants vivront mieux demain que nous aujourd'hui. » « En quelques mois peut se jouer le destin de plusieurs générations », a-t-il lancé, justifiant la constitution d'un gouvernement resserré, plus jeune aussi, par la volonté d'aller plus vite pour « rendre la France plus forte et plus juste ».

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Cette France plus forte, elle passe donc pour lui par ce qu'il a appelé lors de ses voeux un « réarmement économique » et un « réarmement industriel ». « La France sera plus forte si elle produit davantage », a-t-il martelé.

Alors qu'il a mis au coeur de sa campagne présidentielle l'objectif du plein-emploi en 2027, Emmanuel Macron a annoncé, pour continuer de lever les blocages et les freins à l'innovation, une loi Macron 2 pour la croissance, pour « lutter contre les rentes », pour la simplification. Soit un texte qui devrait donc être plus large que ce qui était prévu jusqu'à présent sur la simplification. Délais, normes, seuils, « situations établies » : tout est sur la table.

Acte II de la réforme du marché du travail

Autre volet majeur, Emmanuel Macron souhaite lancer un acte II de la réforme du marché du travail lancé en 2017 pour atteindre le plein-emploi et tenter, donc, de dépasser ce « plateau », sur lequel butte, pour l'instant, le taux d'emploi. A la clé aussi, des mesures logement et transports, a-t-il suggéré. « Le coeur de la bataille budgétaire, c'est la bataille pour l'activité et la création d'emploi et de richesse », a-t-il insisté.

Alors que le nombre de naissances a chuté l'an dernier en France , le président de la République, qui jusqu'ici s'était peu penché sur le sujet de la natalité, veut inverser la tendance. Deux mesures sont prévues, dont la première avait été déflorée par Aurore Bergé lorsqu'elle était ministre des Solidarités : Emmanuel Macron a annoncé la création d'un « congé de naissance », de six mois, pour les deux parents , « s'ils le souhaitent ». Il doit remplacer le congé parental de trois ans mais aussi être « mieux rémunéré ».

De quoi, espère-t-il, lever les blocages économiques à l'arrivée d'un enfant. Autre mesure, il souhaite lancer un grand plan de lutte contre ce « fléau » de l'infertilité.

« L'école, l'école, l'école »

Une « France plus juste », Emmanuel Macron estime aussi que cela passe par « l'école, l'école, l'école », misant sur l'amplification de ce qui a été fait depuis 2017 et commencé par le Premier ministre Gabriel Attal au ministère de l'Education nationale, et ce, malgré les débuts très difficiles de la nouvelle ministre Amélie Oudéa-Castéra . Le président de la République a au passage défendu la ministre, tout en reconnaissant des propos « maladroits », pour lesquels elle a eu raison « de s'excuser. »

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Mais cette France plus juste passe aussi, a assumé le chef de l'Etat, par une meilleure reconnaissance du « mérite » et du « travail ». Alors qu'Emmanuel Macron et son Premier ministre n'ont eu de cesse ces derniers mois de mettre en avant les classes moyennes , « ces Français qui gagnent trop pour recevoir des aides, mais pas assez pour vivre correctement », pointent-ils régulièrement, le président de la République a promis que le gouvernement prendrait pour eux une mesure spécifique, qui entrera en vigueur en 2025. Elle leur permettrait de voir leurs revenus « augmenter immédiatement sur leur compte en banque », dès lors qu'ils travaillent une heure de plus.

Rémunération au mérite

Bref, un sujet délicat sur lequel planchent déjà les économistes Antoine Bozio et Etienne Wasmer via leur mission sur l'articulation entre salaires et aides socio-fiscales. Un sujet sur lequel l'attente est grande alors qu'Emmanuel Macron avait promis, après la crise des retraites, une baisse d'impôts de 2 milliards d'euros pour ces classes moyennes.

Plus sensible encore, le chef de l'Etat a indiqué que la future loi fonction publique - que doit porter Stanislas Guerini a insisté Emmanuel Macron auprès de députés de la majorité - doit permettre d'ajouter au principe d'une rémunération à l'ancienneté un volet important consacré à la rémunération au mérite.

Les franchises, « pas un crime »

Sur les services publics, pour lesquels il a reconnu ne pas avoir fait assez, Emmanuel Macron a assuré vouloir des mesures radicales sur les doublons et le millefeuille administratif. Il est vrai que dès le prochain budget, l'Etat doit trouver 12 milliards d'euros d'économie. Enfin, pour lutter contre les déserts médicaux, qui sont l'une des premières préoccupations des Français, le chef de l'Etat a demandé la régularisation des médecins étrangers, sans lesquels, bien souvent, le système de soins ne tiendrait pas.

Toujours dans le domaine de la santé, Emmanuel Macron a abordé celui de la « consommation de médecine ». « On consomme trop de médecine, il n'y a pas d'argent magique », a-t-il insisté, soulignant que « beaucoup est déjà pris en charge. » La franchise sur les médicaments sera donc doublée. « Se dire qu'on va passer de 50 centimes à 1 euros pour un médicament, je n'ai pas l'impression que c'est un crime, il faut responsabiliser », a tranché le chef de l'Etat, indiquant toutefois, en évoquant les affections de longue durée (ALD), qu'il faudra « faire quelque chose de juste. »

Lutte contre les écrans et SNU

Lui qui avait aussi parlé de « réarmement civique » veut le faire passer par la lutte contre les écrans pour « reprendre le contrôle », par l'école et la culture, par l'uniforme. La « tenue unique qui efface les inégalités entre les familles » sera expérimentée dans 100 établissements et sera généralisée en 2026 si l'essai est concluant, a-t-il confirmé. Le chef de l'Etat a aussi assuré qu'il irait « vers la généralisation du Service national universel en seconde dans les prochaines semaines. »

Bref, un Emmanuel Macron qui voulait se montrer prêt à assumer des « mesures radicales », incitant le gouvernement à « l'audace, l'efficacité, l'action ». Place, désormais, au plus difficile : leur mise en oeuvre effective.

Isabelle Ficek

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