Vanessa en convient : elle n’est pas d’une nature très cool, mais cette année de terminale aura probablement été la plus stressante de la vie scolaire de sa fille. Pauline, pourtant très bonne élève d’un établissement privé de Sucy-en-Brie (Val-de-Marne), s’est retrouvée, comme beaucoup de lycéens, démunie au moment de faire des choix cruciaux pour son orientation, à l’ouverture de la plate-forme Parcoursup, en janvier 2023.
Déjà, en 2de, il avait fallu se positionner sur les « bonnes » spécialités. « On a choisi anglais, sciences économiques et sociales, et maths, ça nous paraissait cohérent. Mais on n’a pas été très accompagnés. On a décidé en fonction des schémas que nous, parents, avions en tête concernant l’orientation, et aussi des notes », reconnaît Vanessa, cadre de la fonction publique territoriale. En 1re, le choix d’abandonner les maths se fait un peu par défaut, la lycéenne ne brillant pas particulièrement dans cette matière.
C’est à la rentrée en terminale que le stress a atteint son niveau maximal. « On est face à des enfants qui n’ont aucune idée de ce qu’ils veulent faire – ce qui est bien normal à leur âge ! Et ils n’ont que quelques mois pour se décider », rappelle-t-elle.
Dès septembre, la mère de famille prend les choses en main : elle consulte une collègue de sa mère, conseillère d’éducation à la retraite, prend rendez-vous au Centre d’information et de documentation jeunesse de Paris, puis, à partir de l’ouverture de la plate-forme Parcoursup, en janvier, écume chaque samedi les portes ouvertes des formations en droit, une matière qui a l’air d’intéresser Pauline. Suivront les lettres de motivation, le travail d’optimisation des loisirs pour les dossiers de candidature. « Tout compte, alors on a mis en avant tout ce qu’on a pu : les cours de clarinette, de piano… », se souvient Vanessa, amusée.
Le lycée et l’association des parents d’élèves ont bien organisé des réunions d’information et des forums des métiers, mais l’essentiel était ailleurs. « Soyons clairs : j’ai tout fait avec ma fille. Heureusement que j’étais là. Je me demande comment font les jeunes qui ne sont pas accompagnés », résume-t-elle.
Bricolage
Bonne question. La réforme du baccalauréat et du lycée de 2018, qui remplace le système des filières par celui des spécialités (trois en 1re, deux en terminale), et la mise en place de la plate-forme Parcoursup pour postuler à des formations en études supérieures devaient permettre aux jeunes de construire leurs projets d’orientation plus en amont et, ainsi, de réduire les trop nombreux échecs dans l’enseignement supérieur – ainsi, 30 % seulement des étudiants obtiennent leur licence en trois ans. Mais l’orientation reste dépendante de chaque établissement, des professeurs principaux et référents, et en grande partie des familles. Chacun bricole, avec les moyens (plus ou moins importants) du bord, au risque d’accentuer des inégalités déjà fortes.
Il vous reste 75.85% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.