Village de la Justice : En tant qu’enseignant, jugez-vous nécessaire d’intégrer l’IA dans la formation des étudiants en droit ?
Ludovic Pailler : Intégrer l’IA dans nos formations est un véritable enjeu pédagogique, d’abord, d’insertion professionnelle, ensuite.
L’IA générative doit inciter et encourager les facultés de droit et les enseignants chercheurs à faire évoluer plus encore leurs modalités d’enseignement afin d’en tirer partie, ne serait-ce que pour accroître le développement de l’esprit critique des étudiants que nous formons.
Elle peut être une véritable opportunité de faire évoluer la formation de nos étudiants. Ceux-ci doivent également connaître l’IA dans ses différentes fonctionnalités pour être en mesure d’utiliser l’outil dans les différents usages qu’en font les professionnels du droit.
Comment concrètement cette intégration peut-elle se faire ?
De multiples réflexions sont en cours au sein de la faculté de droit et de l’Université Jean Moulin Lyon III, d’un cours dédié à l’outil lui-même ou à la dissémination de son usage dans les différents enseignements. Cette dernière modalité est certainement la plus facile à mettre en œuvre. Que l’on songe simplement à soumettre à nos étudiants la production d’une IA générative pour mettre à l’épreuve leur compétence en matière d’analyse, leur esprit critique ainsi que leur aptitude à faire preuve d’ingéniosité pour construire des solutions innovantes.
Comment l’IA est-elle perçue par les étudiants en droit et les autres enseignants en droit ?
Les perceptions sont aussi diverses que celles existantes en société. Elles varient de la crainte à l’opportunité, de la vision d’un outil délétère à celle d’un outil qui bouscule nos a priori et questionne, comme tant d’autres sujets, notre enseignement dans son contenu comme dans sa forme.
Comment la maîtrise de l’IA peut-elle favoriser l’employabilité des étudiants en droit ?
Pour favoriser l’employabilité de nos étudiants, les facultés de droit doivent leur transmettre les indispensables fondements nécessaires à une utilisation efficace et agile des outils d’intelligence artificielle. Cela suppose de disposer de rudiments techniques qui permettent d’en comprendre le fonctionnement global. Surtout, cela requiert, comme d’autres disciplines le font déjà, d’apprendre à nos étudiants à se servir correctement de ces outils, par exemple en apprenant à rédiger correctement des prompts s’agissant des outils d’IA générative.
Discussion en cours :
Merci à Ludovic Pailler pour ce témoignage. La Rédaction du Village peut témoigner de l’importance de ce sujet pour l’équipe enseignante, puisque notamment a été organisée en novembre 2023 à Lyon une conférence sur l’IA, avec la participation de LexisNexis et de ses experts, de l’AFJE Rhône-Alpes, du Barreau de Lyon et Madame le Bâtonnier, ainsi que de deux Directeurs juridiques qui ont pu témoigner de leurs pratiques et besoins, devant un public de professionnels du Droit et d’étudiants.
On a pu y constater que la maitrise au moins minimale de l’IA était un besoin bien identifié par tous, et les étudiants en droit ont été poussés à s’y intéresser sans tabou.