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Décryptage

Le débat sur la transparence de Parcoursup relancé par la polémique Oudéa-Castéra

La ministre de l'Education nationale est mise en cause dans une nouvelle affaire qui concerne Parcoursup et l'établissement privé Stanislas, où sont scolarisés ses enfants. La question lancinante des critères de sélection des formations de l'enseignement supérieur est encore posée.

L'un des nombreux stands Parcoursup, sur un salon de l'orientation.
L'un des nombreux stands Parcoursup, sur un salon de l'orientation. (Come Sittler/REA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 22 janv. 2024 à 17:16Mis à jour le 22 janv. 2024 à 18:09

C'est une polémique de plus qui touche la ministre de l'Education nationale, Amélie Oudéa-Castéra. Et qui, par ricochet, remet sur la table la question des critères de sélection sur Parcoursup, alors que les lycéens sont invités à formuler leurs voeux d'ici au 14 mars.

L'établissement scolaire privé Stanislas à Paris a été rappelé à l'ordre par le ministère de l'Enseignement supérieur sur un « contournement » des règles de Parcoursup. Selon le rapport de l'Inspection générale dévoilé la semaine dernière par Mediapart, certains élèves de Stanislas « sont incités à renoncer à leurs autres voeux dans Parcoursup » en échange de la « garantie d'être admis » en classe préparatoire au sein de cet établissement élitiste.

41 élèves seulement

Cette pratique est « très isolée » parmi les lycées ayant des classes préparatoires. Sur plus de 600.000 lycéens ayant postulé sur Parcoursup en 2023, seuls 41 candidats n'ont fait qu'un seul voeu pour une classe préparatoire dans l'établissement où ils sont en terminale, et « 38 sont des élèves de Stanislas ». Un mécanisme dont le fils d'Amélie Oudéa-Castéra a bénéficié, selon Mediapart.

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Le ministère a demandé à l'établissement de remettre les choses en ordre « pour la session 2024 qui s'ouvre ». Les élèves décident « eux-mêmes » du choix qu'ils font, a réagi le directeur de Stanislas, Frédéric Gautier, dimanche sur BFM TV, estimant qu'il n'y avait « donc pas de délit d'initié ». Mais « s'il faut faire autrement, nous ferons autrement », a-t-il précisé. L'entourage d'Amélie Oudéa-Castéra a rappelé que la ministre faisait « l'objet d'un déport » concernant Stanislas.

« Cuisine » et « tambouille »

La polémique relance en tout cas la question des critères de sélection sur Parcoursup, à commencer par le lycée d'origine des candidats. En 2020, la Cour des comptes avait déjà épinglé ce « paramètre contestable » de sélection, recommandant d'anonymiser les lycées. Jusqu'à 20 % des filières non sélectives les plus en tension l'avaient utilisé en 2019.

Toutes les formations ont accès à ce critère, mais toutes ne s'en servent pas. Lors d'un Salon consacré à l'orientation, un professeur de classe préparatoire parisienne affirmait récemment : « On en tient compte, mais c'est très difficile parce que ça peut être injuste. Dans certains cas, c'est difficile de ne pas en tenir compte, mais on ne peut pas passer ce critère à la Moulinette d'un algorithme. Résultat, chaque classe préparatoire fait sa cuisine. »

Le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, très investi sur le sujet, parle de « tambouille ». Il faut « publier les algorithmes locaux », martèle-t-il, et faire en sorte que tous les lycéens sachent comment sont pondérées telle note ou telle option. « Il y a une omerta, estime l'élu. Dans les formations les plus sélectives, deux à trois personnes font leur tambouille comme elles l'entendent. » Sciences Po, qui publie son barème de sélection, fait à ses yeux figure d'exemple.

« On a fait suffisamment le procès de Parcoursup sur la transparence », lançait Jérôme Teillard, le « monsieur Parcoursup » du ministère, avant la polémique, en vantant les milliers d'informations disponibles en open data.

Cet infatigable défenseur de la plateforme finit par s'amuser de la question récurrente du lycée d'origine. « J'avais mis mon chrono pour savoir à quel moment cette question interviendrait », plaisantait-il encore, la semaine dernière, lors d'une visioconférence auprès d'élèves et de parents. En s'en sortant par une pirouette : « Il n'y a pas d'enseignant du supérieur qui se lève le matin en disant 'Je vais prendre des lycéens qui ne viennent que d'ici, et pas ceux qui viennent de là.' »

Homogénéiser les notes

Mais comment distinguer un 16 dans tel établissement et un 12, ailleurs ? La question de l'homogénéisation des notes est centrale. D'autant qu'avec le report des épreuves de spécialité du bac de mars à juin, ces notes ne pourront pas être prises en compte dans Parcoursup.

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Dans ce contexte, l'épreuve anticipée de français de première devient un critère encore plus important pour juger du niveau réel des élèves. Ce pourrait être le cas aussi de l'épreuve anticipée de mathématiques, annoncée par Gabriel Attal début décembre.

« On en revient au vice fondamental de Parcoursup, qui n'a pas été pensé en même temps que la réforme du bac », regrette Pierre Ouzoulias. Avec un risque, selon lui : « Se retrouver avec une forme de bac non plus en terminale, mais en première. Sans s'être posé la question de la vocation de l'année de terminale. »

Marie-Christine Corbier

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