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Décryptage

Enseignement supérieur : l'enquête qui redore le blason des classes préparatoires

Neuf étudiants de classes préparatoires sur dix indiquent, dans une enquête, que leur formation correspond à leurs attentes et y vantent la pluridisciplinarité. Mais 40 % ont déjà sérieusement songé à abandonner. Les proviseurs veulent s'adapter.

L'enquête a été présentée vendredi dernier au lycée Henri-IV, à Paris.
L'enquête a été présentée vendredi dernier au lycée Henri-IV, à Paris. (Stephane Lagoutte/Challenges-rea)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 23 janv. 2024 à 08:04

C'est une enquête qui tombe à point nommé. A l'heure où les lycéens de terminale forment leurs voeux sur Parcoursup et où le rectorat de Paris annonce des fermetures de classes, l'association des proviseurs de lycées à classes préparatoires a demandé aux étudiants ce qu'ils pensaient de leur formation.

Ils sont 4.463 à avoir répondu à l'« enquête sur la réussite et le bien-être des étudiants en classe préparatoire », diffusée en octobre à tous les lycées publics concernés. Soit un « échantillon représentatif » de 11 % des effectifs - inscrits en deuxième année pour la plupart -, selon Joël Bianco, président de l'association. L'enquête a été menée avec l'Observatoire du bien-être du Centre pour la recherche économique et ses applications, rattaché à l'Ecole d'économie de Paris.

Les résultats ont été présentés en fin de semaine dernière au lycée Henri-IV, à Paris, en marge du congrès de l'association.

« Du baume au coeur »

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Concernant le rapport à la scolarité, neuf étudiants sur dix indiquent que les contenus enseignés « correspondent à leurs attentes », sur le plan des méthodes (89 %) et surtout des connaissances (97 %). La pluridisciplinarité est plébiscitée, à 94 %.

« On parle souvent de la prépa qui formate, enferme et robotise. Or ce résultat, nous met du baume au coeur et tord le cou à certaines idées reçues, se félicite Joël Bianco, proviseur du Louis-le-Grand, à Paris. Aujourd'hui, tout le monde recherche des formations pluridisciplinaires, les prépas le font depuis deux siècles, ne l'oublions pas. »

Parmi les élèves interrogés, 75 à 94 % prennent du plaisir à aller au lycée. C'est parmi les garçons inscrits en filière scientifique que le ressenti est le meilleur. Ils sont près de neuf sur dix à affirmer qu'ils referaient ce choix-là, malgré la charge de travail, le stress et la pression. Et font état d'« un vécu très positif de la scolarité en classe préparatoire », même si 40 % ont déjà « sérieusement pensé » à abandonner depuis le début de leur scolarité.

Le stress des notes

Car la marche est haute : 48 % des répondants estiment que les notes ne reflètent pas ou partiellement leur investissement dans le travail, et 56 % que les exigences sont parfois trop élevées. « Ça tire dure, c'est le jeu de la prépa et c'est aussi tout l'enjeu de l'accompagnement, commente Joël Bianco. On veut remettre de l'exigence au coeur de l'éducation. Eh bien, on y est ! »

Les proviseurs se félicitent aussi d'avoir des taux de boursiers compris entre 20 et 30 %. « Et nous les gardons, contrairement à d'autres formations, l'évaporation entre la première et la troisième année est très faible », souligne Joël Bianco. D'autant que la formation est « gratuite », insiste l'ancien proviseur du lycée du Parc, à Lyon, Pascal Charpentier.

Mieux accompagner les filles

Les chefs d'établissement sont toutefois conscients qu'il faut « faire mieux » en matière d'accompagnement, notamment celui des filles - qui sont plus nombreuses à avoir pensé à abandonner la prépa - et de gestion du stress.

Dans certains établissements, les élèves ont droit à des séances de sophrologie. Mais le problème central est au niveau des notes. « L'époque où avoir un 5 sur 20 était considéré comme l'une des meilleures notes est révolue », affirme Thierry Verger, proviseur du lycée Saint-Sernin de Toulouse. Mais elles restent « une source considérable de stress pour les élèves » et c'est « un élément à travailler », estime Damien Framery, président de l'Association des professeurs de premières et de lettres supérieures. « La sociologie des professeurs a changé, indique-t-il, les choses changent, mais il y a encore des professeurs qui blessent par leur attitude, leur regard. »

Marie-Christine Corbier

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