
La France est-elle en train de se « smicardiser » ? Près d’une personne sur cinq (17,3 %) dans le secteur privé non agricole est aujourd’hui payée au salaire minimum, contre 12 % seulement début 2021. En deux ans, entre le 1er janvier 2021 et le 1er janvier 2023 (selon les derniers chiffres de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, Dares), leur nombre s’est accru d’un million de personnes. Sur les près de 17,6 millions de salariés, 3,1 millions gagnent ainsi 1 398,69 euros net par mois.
Une évolution dénoncée par les organisations syndicales, qui demandent des revalorisations salariales, voire la réindexation de l’ensemble des rémunérations sur l’inflation. Le Parti communiste français a lancé une opération « vérité sur les salaires », appelant les salariés modestes à envoyer leur feuille de paie au siège du PCF. Le 3 février, une délégation ira déposer ces courriers à Matignon pour « montrer au premier ministre [Gabriel Attal] la réalité des salaires dans notre pays ».
L’exécutif est conscient de l’enjeu, alors que le chiffon rouge de la smicardisation devient de plus en plus un slogan politique. « Nous devons recréer une dynamique des salaires en France, pour recréer un espoir par le travail », déclarait le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, lors de la présentation des vœux aux forces économiques, début janvier. A l’occasion de sa conférence de presse du 16 janvier, Emmanuel Macron a enfoncé le clou, en demandant à son gouvernement des mesures permettant de « mieux gagner sa vie par le travail », et en appelant à la négociation de branche « pour que la dynamique salariale soit au rendez-vous des efforts ».
Il vous reste 85.87% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.