Il a encore les joues rondes de l’enfance : Tarmo Peltokoski avait 22 ans lorsqu’il a été nommé, fin 2022, à la tête de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse. Il en aura deux de plus lorsqu’il en prendra effectivement les rênes en septembre 2024. Encore plus jeune que son prédécesseur, le Russe Tugan Sokhiev, qui avait mis fin au long règne de Michel Plasson à 28 ans. Depuis le Covid-19, le nom du jeune Finlandais s’est mis à beaucoup circuler tandis que l’Orchestre de chambre de Brême et la Philharmonie de Rotterdam en faisaient leur chef invité, l’Orchestre symphonique national de Lettonie le plaçant à la direction musicale et artistique.
La France a déjà su s’attacher deux baguettes finlandaises : Mikko Franck (44 ans), actuel directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Radio France, et, depuis 2021, le prodigieux Klaus Mäkelä (28 ans), dont le magister à la tête de l’Orchestre de Paris rayonne davantage à chaque concert. Ce samedi 2 décembre 2023, Tarmo Peltokoski est à la Halle aux grains de Toulouse pour un programme de musique germanique qui se terminera avec la célèbre ouverture des Maîtres chanteurs de Nuremberg, de Wagner (sa passion), après le poème symphonique Ainsi parlait Zarathoustra, de Richard Strauss, et le difficultueux Concerto pour violon, de Schoenberg, interprété pour la première fois par le téméraire Renaud Capuçon, qui envisage de l’enregistrer – ils sont une poignée de violonistes à jouer cette œuvre déconcertante à bien des égards.
Si Schoenberg permet d’emblée de mesurer l’extrême précision du jeune chef, son travail d’orfèvre entre couleurs et dynamiques, c’est dans Zarathoustra que le choc Peltokoski se révèle, dès la spectaculaire introduction, dont il peaufine la gradation dynamique avec violence et passion. L’histoire de la musique se nourrit de ces très jeunes talents. Mais le jeune homme se distingue par une aisance inusitée, entre puissance et souplesse, le corps entièrement donné à la musique, la battue virtuose, et surtout un charisme naturel qui fait que nul ne peut détacher ses yeux du podium, pas plus les musiciens que le public.
L’onde de choc Wagner
Tarmo Peltokoski est né à Vaasa le 20 avril 2000. Une mère d’origine philippine lui a légué son teint légèrement ambré et des yeux noirs en amande qu’il cercle de lunettes rondes à la Harry Potter. La musique est entrée dans sa vie avec une grand-mère professeure de chant et son piano tentateur. C’est elle qui guidera les premiers pas de l’enfant sur le clavier : « La musique m’a fasciné dès mon plus jeune âge », confie le musicien, qui commence à prendre des leçons à l’âge de 8 ans à l’institut de musique de sa ville natale, avant d’entrer « de [s]a propre initiative », souligne-t-il, à 16 ans, à l’Académie Sibelius d’Helsinki.
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