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© François - stock.adobe.com

Territoires : quelle régulation pour les grands entrepôts logistiques ?

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Le déploiement rapide de grands entrepôts logistiques en France affecte fortement les territoires. Un rapport d'information de l'Assemblée nationale de décembre 2023 s'intéresse aux conséquences de la multiplication des entrepôts et préconise une régulation du secteur.

L'Assemblée nationale consacre un rapport d'information aux incidences du déploiement des grands entrepôts logistiques.

La filière logistique représente plus de 200 milliards d’euros en 2019, soit près de 10% du PIB français.

387 "aires logistiques denses" concentrent la plupart des entrepôts et plateformes logistiques. Le rapport évalue le commerce d'entrepôts en fonction de son impact sur l'environnement mais aussi  sur l'économie des territoires, l'emploi local et l'aménagement territorial et urbain.

Un déploiement "accéléré et anarchique"

L'essor du commerce électronique est un des facteurs de cette croissance rapide depuis une décennie, d'entrepôts dits XXL (plus de 40 000 m2). Selon les rapporteurs, la généralisation de la livraison en 24 heures, au coût environnemental très élevé et associée à la surconsommation, appelle à un meilleur encadrement voire à une interdiction.

Ce déploiement est le fait de grands groupes internationaux et reflète une tendance à la globalisation, à l'intégration et à la concentration. Le marché de l'immobilier logistique implique de multiples acteurs, pour une superficie globale estimée à 100 millions de m2. 

Le rapport souligne la prédominance d'une "dorsale logistique" Lille-Marseille, qui passe par les agglomérations francilienne et lyonnaise, même si des pôles secondaires existent. Les régions désindustrialisées ou rurales sont "des choix stratégiques" pour l’établissement des nouveaux entrepôts.

Les retombées fiscales peuvent inciter les exécutifs locaux à privilégier ces projets, sans considérer leurs implications à long terme. Une forme de pilotage et de filtrage des projets par l'État, à laquelle les régions seraient associées, en termes de planification stratégique, est préconisée.

Comment réduire l'empreinte carbone ?

Majoritairement associés aux transports routiers (28,6% des émissions de gaz à effet de serre en 2018), les entrepôts sont exclusivement reliés à la route, plus particulièrement aux autoroutes. La contribution des entrepôts XXL à l'artificialisation des sols pourrait dépasser les 3% dans certaines régions.

Pour réduire l'empreinte carbone des entrepôts XXL, le rapport propose que :

  • des procédures d'enregistrement ou d'autorisation soient requises à partir d'un volume de 50 000 m3 ; 
  • une évaluation environnementale soit systématique en cas d'emprise au sol de plus de 40 000 m2 ;
  • face à une durée de vie des bâtiments d'entrepôt d'une trentaine d'années, pour éviter la formation de friches, soit créé un régime de consignation en vue de démanteler ou reconvertir les entrepôts ;
  • une réflexion portant sur "l'insertion paysagère" des bâtiments d'entreposage soit engagée.

Le secteur s'est également engagé dans une démarche de sobriété énergétique. Depuis le 1er janvier 2022, l'analyse du cycle de vie des bâtiments est devenue obligatoire (règlementation environnementale 2020).

La problématique de l'emploi

Les entrepôts créent des emplois mais ceux-ci sont marqués par la précarité et la pénibilité, ainsi que par un fort recours à l'intérim (près de 15% des employés). L'accidentologie est élevée dans le secteur logistique, mais moins dans les entrepôts XXL. La robotisation n'est pas conçue pour améliorer les conditions de travail. Entre manque d'attractivité et fort taux de rotation de la main-d'œuvre, les entrepôts contribuent de façon récurrente à "assécher les bassins d'emploi."