Publicité

Colère agricole: des blocages prévus pour «tenir dans la durée»

Vendredi, des agriculteurs bloquent l’autoroute A6, à hauteur de Villabé (Essonne), à une trentaine de kilomètres au sud-est de Paris. François Bouchon / Le Figaro

Malgré les annonces de Gabriel Attal, les agriculteurs sont prêts à poursuivre leur mouvement de contestation.

Les agriculteurs se sont rapprochés de Paris, ce vendredi, en bloquant certains grands axes routiers franciliens. Avec un objectif en tête: mettre la pression sur le gouvernement avant les annonces tant attendues du premier ministre Gabriel Attal. Selon Damien Greffin, membre du bureau de la FNSEA et agriculteur dans l’Essonne, «cinq points de blocage situés à quelques dizaines de kilomètres de Paris» étaient installés dans l’après-midi. Et de préciser qu’il ne s’agissait pas «d’opérations de péage gratuit mais de blocages et d’opérations escargot». Des manifestations qui étaient prévues pour durer «jusqu’à minuit, voire plus longtemps si les agriculteurs jugent les annonces gouvernementales insuffisantes».

Parmi les lieux concernés figure le péage de Saint-Arnoult, sur l’A10-A11, grand axe routier reliant l’ouest et le sud-ouest du pays à Paris. Plusieurs centaines de tracteurs se sont mis en travers de la chaussée en début d’après-midi, dans les deux sens de circulation. «Nous sommes prêts à aller jusqu’à Paris pour montrer à l’exécutif qu’on est décidés à défendre notre métier. Nous avons fait le plein d’essence, nous attendons le feu vert de nos instances, commente Benoît, céréalier venu avec son tracteur arborant deux drapeaux vert et blanc, aux couleurs de la FNSEA.

D’autres barrages ont vu le jour, comme sur l’A6, au sud de la capitale, au niveau de Villabé-Auberneau ou sur l’A13, axe qui mène à la Normandie, au péage de Buchelay. Mais aussi sur l’A16, au nord de Paris, ou sur l’A1, dans l’Oise, où la route avait été bloquée dès le matin au péage de Senlis. «Sur l’A16, il y avait au moins 80 tracteurs et plus de 200 sur le blocage de Senlis, c’est très impressionnant, commentent Luc Smessaert et Régis Desrumaux, éleveurs et responsables FNSEA dans l’Oise. Cela fait bien longtemps qu’on n’avait pas vu une telle mobilisation. Il y a de la convivialité, mais énormément de détermination et de dignité dans notre combat pour pouvoir simplement vivre de notre travail.»

Il faut qu’on arrête de nous considérer comme des délinquants

Emmanuel Hyest, céréalier

Beaucoup de paysans sont sortis de leurs fermes pour rejoindre le mouvement: éleveurs, céréaliers, viticulteurs, maraîchers et arboriculteurs. Parmi eux, des agriculteurs qui n’avaient pas manifesté depuis longtemps, y compris de hauts responsables d’organisations professionnelles habitués à discuter avec le pouvoir. C’est le cas dans l’Eure, sur l’A13, à côté de Gaillon. Emmanuel Hyest, céréalier et président de la Fédération nationale des Safer (sociétés d’aménagement foncier et établissements ruraux) fait partie de ceux-là. «Cela fait des années que je n’avais pas manifesté et sorti mon tracteur, raconte-t-il. Les complexités administratives sont de plus en plus nombreuses. Et il y a trop de contrôles intempestifs, notamment environnementaux, de la part de l’Office français de la biodiversité. Il faut qu’on arrête de nous considérer comme des délinquants. On se relaye jour et nuit. Ce vendredi soir, on va fermer totalement la circulation. Jusqu’à maintenant, on laissait passer les véhicules le matin et le soir.»

Demande de démission de Marc Fesneau

Plus au sud, des barrages ont donné lieu à des images impressionnantes: 400 kilomètres ont été fermés préventivement à la circulation par les autorités sur l’A7 et l’A9, seuls des convois de tracteurs étant autorisés à rouler sur les voies. Dans l’Aude, non loin d’un barrage de l’A9, des manifestants ont incendié en partie les bâtiments de la mutualité sociale agricole (MSA), l’équivalent pour les agriculteurs des caisses primaires d’assurance-maladie pour les salariés au régime général. Heureusement, les bâtiments avaient été évacués en prévision de cette manifestation.

Dans l’Aveyron, une quarantaine de tracteurs et de camions de bétail des Jeunes Agriculteurs et de la FNSEA ont ralenti la circulation, avec une opération escargot sur l’A75. Un convoi qui a emprunté le Viaduc de Millau dans l’après-midi. «Malheureusement, ce n’est pas la dernière fois qu’on manifeste», pressent Rémi Agrinier, jeune éleveur de brebis, au volant de son tracteur après avoir traversé le pont. Au sud du département, un camp de fortune est installé depuis quatre jours par des paysans qui bloquent la route nationale 88, à hauteur de Tauriac-de-Naucelle, près du Tarn.

Parmi les slogans affichés sur les godets avant des tracteurs, on pouvait lire: «Petits on en rêve, grand on en crève», «ZAD, zone agricultrices agriculteurs déterminés». Certains ont écrit, en souvenir de leur collègue et de sa fille, tuées accidentellement sur le barrage de Pamiers mardi: « Mortes parce qu’elles voulaient vivre dignement de leur métier.» Enfin, sur de nombreux blocages, les agriculteurs réclament le départ du ministre de l’Agriculture, qu’ils n’estiment pas à la hauteur de la situation: «Fesneau démission», peut-on lire ici et là. «On bloque avec des bottes de paille, des tracteurs et des plateaux fourragers, on dort dans les bétaillères et on se relaye jour et nuit pour tenir dans la durée», prévient Mathilde des JA.

Colère agricole: des blocages prévus pour «tenir dans la durée»

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
Aucun commentaire

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

À lire aussi