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Décryptage

La biomasse et la forêt, points faibles de la stratégie de décarbonation de la France

Le nouveau projet de Stratégie nationale bas carbone (SNBC) de la France devrait être publié dans les jours qui viennent. Il n'aboutit toutefois pas aux objectifs attendus d'une baisse des émissions de 55 % à horizon 2030 et de neutralité carbone en 2050 : il n'y aura pas assez de biomasse pour tout le monde, et le mauvais état de la forêt ne lui permet pas de jouer à plein son rôle de puits de carbone.

La détérioration des forêts françaises liée au réchauffement climatique entraîne une forte baisse des puits de carbone.
La détérioration des forêts françaises liée au réchauffement climatique entraîne une forte baisse des puits de carbone. (Nicolas Tucat/AFP)

Par Anne Feitz

Publié le 30 janv. 2024 à 07:07Mis à jour le 30 janv. 2024 à 09:47

La France parviendra-t-elle à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % entre 1990 et 2030, conformément aux objectifs européens ? Attendu depuis de nombreuses semaines, le projet de Stratégie nationale bas carbone (SNBC) est dans les starting-blocks.

« Il est prêt, sa présentation a été retardée avec le remaniement, mais c'est maintenant une question de jours », assure une source gouvernementale. Issu du lourd travail effectué par le secrétariat général à la Planification écologique (SGPE) depuis dix-huit mois, ce texte doit acter la stratégie de décarbonation de la France à 2030 et à 2050 - date à laquelle le pays doit atteindre la neutralité carbone.

Vérifier que « ça boucle »

Les équipes d' Antoine Pellion , qui dirige ce service placé directement sous l'autorité du Premier ministre, ont travaillé avec chaque ministère pour parvenir à un vaste plan d'action.

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Aboutissant à un objectif global de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 138 millions de tonnes équivalent CO2 entre 2022 et 2030 (soit -50 % de réduction brute par rapport à 1990), elles ont identifié les leviers concrets de réduction (verdissement du parc automobile, rénovation des bâtiments, décarbonation de l'industrie, etc.).

Mais placer ces travaux sous l'autorité de Matignon devait aussi permettre de valider le plan d'ensemble. « Notre rôle est de vérifier que 'ça boucle' », rappelait régulièrement Antoine Pellion lors de l'élaboration de cette vaste feuille de route . En d'autres termes, qu'il y aura suffisamment d'électricité, de matières premières ou de capacité industrielle, par exemple.

Or précisément, ça ne boucle pas. Selon les simulations réalisées par la direction de l'Energie et du Climat (DGEC), les modèles n'aboutissent ni à -55 % de réduction nette à horizon 2030 ni à la neutralité carbone à 2050.

Deux sujets sont sur la sellette : la biomasse et les puits de carbone. Alors que les déchets agricoles et forestiers sont censés alimenter les méthaniseurs et les usines de biocarburants, les simulations du gouvernement montrent clairement qu'il n'y en aura pas pour tout le monde.

Dégradation de l'état des forêts

« Sur la biomasse, le modèle boucle finalement à 2030, mais pas à 2050 : il va falloir continuer à travailler et faire des choix », reconnaît la même source gouvernementale. Selon une autre source, l'utilisation de la biomasse devra être réservée à certains usages, notamment ceux qui ne peuvent pas être électrifiés.

Sur les puits de carbone surtout, les projections montrent que même pour 2030, on est encore loin du compte. Alors que les sols ou la forêt absorbent et stockent naturellement du CO2, ils jouent de moins en moins ce rôle. Notamment, en raison du réchauffement climatique, qui entraîne une forte dégradation de l'état des forêts.

« C'est pourtant un élément fondamental de la stratégie de décarbonation, susceptible de représenter plusieurs points de baisse », souligne la même source. « Résultat, nous arrivons à environ 52 % de baisse à 2030, mais pas 55 %… » Compte tenu du délai nécessaire pour qu'un arbre absorbe du carbone (plusieurs décennies), le gouvernement est bien conscient qu'il y a aussi urgence à accélérer sur la gestion de la forêt.

Anne Feitz

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