Alexandra Bo se plaisait dans son travail, elle occupait un poste d’ingénieure qualité produits dans une entreprise agroalimentaire. Elle a pourtant eu l’impression qu’il lui manquait quelque chose. « Pendant mes études d’ingénieure en génie industriel aux Arts et Métiers, les frontières étaient fermées à cause du Covid. Je n’ai pas eu d’expérience à l’étranger, j’en rêvais », raconte-t-elle.
Frustrée, la jeune employée parcourt le site de Business France. L’agence nationale chargée « d’internationaliser » l’économie française recense les offres de mission de volontariat international en entreprise (VIE), un dispositif qui permet de réaliser une mission professionnelle de six à vingt-quatre mois à l’étranger, en bénéficiant de l’accompagnement de l’ambassade de France et de Business France.
Les volontaires perçoivent une indemnité forfaitaire non imposable en France. Ces émoluments, fixés par un barème, varient en fonction du pays visé : autour de 2 000 euros mensuels au minimum, ils montent à plus de 5 000 euros dans les villes où le quotidien est cher, comme à New York.
« Dans mon école, les VIE étaient très populaires. On peut découvrir un autre pays facilement, avec des perspectives d’emploi à la clé. Sauf que ça marche jusqu’à 28 ans seulement », précise Alexandra Bo. A 25 ans, son choix est alors vite fait : en novembre 2023, elle quitte son contrat à durée indéterminé pour un VIE dans une multinationale française à Oslo. « J’ai découvert la boîte via le VIE. Je cherchais juste à partir en Scandinavie. Et finalement, je m’y projette à plus long terme. »
Jamais autant de jeunes n’ont été en poste en VIE et VIA, son équivalent dans l’administration, se réjouit Christophe Monnier, directeur du programme VIE chez Business France : « On a actuellement 11 400 volontaires en poste dans 120 pays, on assure 8 000 départs à l’étranger par an. Le dispositif est utilisé par plus de 2 000 entreprises, et des pays comme l’Espagne et la Belgique s’en inspirent. »
« Gagnant-gagnant »
Le VIE naît dans les années 2000, sur les décombres du service militaire obligatoire. Objectif : proposer aux jeunes une forme d’engagement au sein des entreprises pour qu’elles puissent se développer à l’international. Au départ, la formule reste confidentielle, choisie par des hommes en majorité, diplômés des grandes écoles, et uniquement proposée par quelques groupes du CAC 40 déjà dotés de filiales à l’étranger.
Petit à petit, il se démocratise, survit à la pandémie de Covid-19 et retrouve un élan avec l’aide exceptionnelle mise en place lors du plan de relance : entre 5 000 et 10 000 euros pris en charge par l’Etat pour chaque mission jusqu’en décembre 2022. « Aujourd’hui, on a presque atteint la parité, on a même plus de candidates, mais les hommes partent davantage car les profils les plus prisés comme les ingénieurs sont encore majoritairement masculins », souligne M. Monnier. Les volontaires ont 26 ans en moyenne et disposent souvent d’une ou deux années d’expérience professionnelle. « Le VIE est un outil d’insertion professionnelle et un accélérateur de carrière. Les volontaires vont plus rapidement prendre des postes à responsabilités », ajoute-t-il.
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