« La goutte d’eau qui a fait déborder le vase » : le recteur de l’académie de Paris annonce sa démission

Après plus de trois années à son poste, Christophe Kerrero a annoncé ce vendredi, dans une lettre aux personnels de l’académie de Paris, qu’il quittait ses fonctions de recteur.

Christophe Kerrero démissionne de ses fonctions recteur de l'académie de Paris. LP/Olivier Arandel
Christophe Kerrero démissionne de ses fonctions recteur de l'académie de Paris. LP/Olivier Arandel

    « Je m’adresse une dernière fois à vous comme recteur, pour vous inviter à ne jamais perdre espoir. » C’est par ces mots que Christophe Kerrero a annoncé, ce vendredi, dans une lettre destinée aux personnels de l’académie de Paris, qu’il quittait ses fonctions.

    L’ancien inspecteur général de l’Éducation nationale profite de sa missive empreinte d’émotion pour égratigner la « reproduction sociale (qui) caractérise encore beaucoup trop notre système éducatif ». « Paris en est un exemple, certains diront un miroir grossissant », relate-t-il.

    Le départ de Christophe Kerrero aura-t-il des conséquences sur les décisions récentes annoncées pour le scolaire parisien, à l’instar des fermetures de classes prévues à la rentrée prochaine dans le premier et le second degré ? Sollicité, le rectorat renvoie à la lettre de Christophe Kerrero.



    Dans une académie que ses interlocuteurs lui avaient présentée à son arrivée comme « la plus ségréguée de France », selon le récit qu’il en fait dans son courrier, Christophe Kerrero estime avoir « pu inverser les courbes ». Il s’attribue notamment « la réforme de l’affectation en seconde, la modification du recrutement dans les lycées Louis-le-Grand et Henri-IV et la recomposition de la carte des formations et des lycées » dans un souci de mixité sociale et scolaire.

    Nommé à son poste en 2020, Christophe Kerrero avait d’abord occupé la fonction de directeur général adjoint de la région Île-de-France, chargé des lycées, entre février 2016 et mai 2017. Puis il avait été directeur de cabinet de Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’Éducation nationale, depuis le 18 mai 2017.

    Le moratoire de trop pour le recteur

    C’est semble-t-il la décision récente de la ministre de l’Éducation nationale Amélie Oudéa-Castera de maintenir ouvertes quatre classes de prépa parisiennes qui a résonné comme un camouflet pour le recteur. En décembre dernier, Christophe Kerrero avait annoncé la fermeture de ces classes (Decour et Lamartine dans le IXe, Chaptal dans le VIIIe et Pierre-Gilles de Gennes dans le XIIIe). Une décision selon lui nécessaire, mais que la ministre n’a pas jugée comme telle.

    Annoncé lors d’un CSE au ministère de l’Éducation nationale mercredi, le moratoire de la ministre a été « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », selon un proche de Christophe Kerrero. De son côté, l’entourage d’Amélie Oudéa-Castéra « prend acte » ce vendredi de la décision de Christophe Kerrero et le « remercie pour son action et son engagement reconnus en faveur de l’Éducation nationale ». Le ministère assure que « toutes les mesures de soutien des élèves en termes de promotion et de mixité sociale prises par le recteur de Paris sont soutenues et financées » et « seront toutes réalisées ».

    « Christophe Kerrero devait partir cette année mais le tempo de son départ interroge. Lors du CSA académique (Comité social d’administration), mardi 16 janvier, on l’avait senti ébranlé par la séquence autour de l’école Littré. ce jour-là il était moins ferme que d’habitude », raconte Léa de Boisseuil, représentante Snuipp-FSU-Paris, syndicat majoritaire de l’enseignement du premier degré. Ce départ constitue ainsi un nouveau revers pour la ministre de l’Éducation nationale.