Lors de son discours de politique générale prononcé mardi 30 janvier, Gabriel Attal a annoncé le versement en mai prochain d’une prime exceptionnelle de 800 € aux infirmières scolaires et une revalorisation de leur salaire de 200 € net par mois. « Pour la santé et notamment la santé psychologique, elles sont des relais essentiels auprès des élèves », a-t-il déclaré, mettant en avant leur « travail remarquable » et souhaitant « mieux reconnaître leur engagement ». Ces dernières, au nombre de 7 800 environ, alertent depuis trente ans les gouvernements sur le manque de personnel dans les établissements et demandent plus de moyens et de meilleurs salaires.

« C’est la première fois qu’un ministre nous cite et reconnaît notre travail. Au-delà de l’aspect financier, qui est très important, ces paroles ont été la reconnaissance de notre utilité à l’éducation nationale et ont été très appréciées », commente Gwenaelle Durand, secrétaire générale du Snies-Unsa. Avec une infirmière pour 1 600 à 2 000 élèves, elle espère que ces annonces vont éviter des départs supplémentaires et rappelle que les conditions de travail, de plus en plus difficiles, participent au manque d’attractivité du métier. « Sur un gros établissement avec, par exemple, 200 adultes et 2 000 élèves, nous sommes les seules référentes santé. Un arrêt cardiaque, une plaie, une bagarre avec des couteaux – et on en a toutes eu ! –, nous devons tout gérer », ajoute l’infirmière.

Santé mentale dégradée

Surtout, Gwenaelle Durand alerte sur la santé psychique dégradée des élèves, un motif de consultation pour 90 % d’entre eux. Certains assistants d’éducation, conseillers principaux d’éducation (CPE) et professeurs sont depuis la rentrée scolaire 2023 formés au secourisme en santé mentale. Cette nouveauté avait été annoncée par l’ancien ministre de l’éducation Pap Ndiaye. « C’est une très bonne chose et ce sont des relais qui vont pouvoir nous aider », rapporte l’infirmière scolaire.

Le premier ministre n’a en revanche pas évoqué les médecins de l’éducation nationale, qui déplorent une panne complète de la santé scolaire. « Pour des raisons d’attractivité (les médecins scolaires sont les médecins salariés les moins bien payés, NDLR), le nombre de médecins chute depuis plusieurs années. Nous sommes 740 pour les 12 millions d’élèves français, alors qu’il y a 1 400 postes budgétés », décrypte Jocelyne Grousset, secrétaire générale du Syndicat national des médecins scolaires et universitaires (SNMSU). « Il est nécessaire d’avoir une orientation de politique de santé à l’école, savoir où le gouvernement veut mettre la priorité pour pouvoir mieux nous coordonner avec la médecine hospitalière et libérale. Est-ce que la santé des enfants ne vaut pas assez le coup pour que l’on agisse ? »

Avec le SNAMSPEN, le SNMSU a organisé une action intersyndicale qui durera tout le mois de février. Aucun acte médical ne sera délivré ou signé avant d’avoir vu les familles et les enfants. « Cela va forcément les réduire mais la qualité n’en sera qu’augmentée », explique la secrétaire Patricia Colson. Médecin scolaire en Essonne depuis vingt-trois ans, elle a constaté une « très grande dégradation » des conditions de travail et des besoins en santé des élèves qui augmentent « de façon incroyable ». « Il y a à peu près 30 % d’enfants qui n’ont pas de médecin généraliste. Pour eux, croiser un médecin dans le cadre de l’école est une réelle opportunité », ajoute-t-elle. Dans un rapport parlementaire sur le sujet publié en mai 2023, le député Robin Réda (LR) révélait que seuls 20 % des élèves de 6 ans passaient leur visite médicale obligatoire.