« Une pratique contraire à la déontologie de Parcoursup » pour l’un. « Du jamais-vu » pour l’autre. « Je ne commente pas. Tout ce que je peux vous dire, c’est que l’on ne fait pas ça chez nous ! », tonne, de son côté, le proviseur d’un prestigieux lycée parisien. Si la plupart des responsables de classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) se gardent bien de réagir officiellement aux révélations de la presse sur le contournement des règles de Parcoursup par le lycée Stanislas, en off, l’affaire agace considérablement ces formations d’excellence, déjà sous le feu des critiques pour un mode de sélection jugé « opaque ».
Il faut dire que le lièvre soulevé est spectaculaire. Le rapport d’enquête de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR), déposé à l’été 2023 sur le bureau du ministre et dévoilé par Mediapart, le 20 janvier, dénonce un contournement de la procédure nationale Parcoursup : « Certains élèves sont incités à renoncer à leurs autres vœux dans Parcoursup en échange de la garantie d’être admis sur leur vœu dans une CPGE de l’établissement. » Concrètement, en 2023, sur plus de 917 000 candidats ayant formulé des vœux sur la plate-forme, 41 élèves n’en avaient mis qu’un, qui plus est dans leur lycée d’origine. Parmi eux, 38 venaient du lycée Stanislas, à Paris.
Interrogé, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche confirme le « caractère très isolé » d’un tel cas. Du côté des prépas, grandes comme petites, on balaie ce genre de pratique d’un revers de la main. « Nous demandons à chaque élève de faire plusieurs vœux. Nous ne cessons de leur dire, c’est dans leur intérêt et c’est la charte de Parcoursup », affirme Joël Bianco, proviseur du lycée Louis-le-Grand, à Paris, et président de l’Association des proviseurs de lycées à classes préparatoires aux grandes écoles.
« Forte exigence de transparence »
Aussi marginale soit-elle, la pratique va à l’encontre de « l’esprit » Parcoursup qui, comme le souligne Denis Choimet, président de l’Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques (UPS), est « la rencontre de deux libertés : celle des établissements de l’enseignement supérieur de classer les candidats selon leurs propres critères et celles des élèves de candidater, puis d’accepter ou non une proposition ». Pourquoi le lycée Stanislas a-t-il fait cela ? Pour garder ses meilleurs élèves ? L’établissement n’a pas répondu à la demande d’entretien du Monde, mais la question est posée : Stanislas est-il un cas particulier ? Les contournements de Parcoursup existent-ils ailleurs ? Sur quels critères les élèves sont-ils choisis ?
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