Publié le 30 janvier 2024 Mis à jour le 31 janvier 2024
La question de la pénurie d'enseignants revient fréquemment dans l'actualité en éducation. Presque toutes les régions du monde doivent gérer cette situation nouvelle mais inquiétante pour le milieu de l'éducation. L'UNESCO, branche onusienne sur la culture et l'éducation, se trouve donc à s'intéresser pour la première fois à ce phénomène inédit. Un rapport complet va être publié d'ici la fin du premier trimestre de 2024. Néanmoins, l'organisme a déjà publié de grandes lignes de ses données en novembre 2023.
L'organisme non gouvernemental a voulu calculer le manque à gagner pour réaliser l'enseignement primaire et secondaire universel d'ici 2030 sur la planète entière. Il manquera 44 millions d'enseignants au total pour y arriver. Là-dessus, 58% sont des remplacements de professeurs allant à la retraite et 40% correspondant à de nouveaux postes nécessaires. Les régions les plus touchées par la pénurie sont l'Afrique subsaharienne (15 millions), l'Asie du Sud (7,8 millions) et l'Europe et l'Amérique du Nord avec 4,8 millions de nouveaux enseignants à engager pour combler l'attrition. D'ici 2030, seuls 78 pays sur 197 auront un nombre suffisant pour garantir l'éducation primaire universelle.
La question de la qualification des enseignants est plutôt intéressante aussi. 85% des enseignants du secondaire, par exemple, dans le monde disposeraient de la qualification requise. Or, ce nombre baisse à 60% dans l'Afrique subsaharienne. Des diminutions ont aussi été notées en Amérique latine et dans les Caraïbes (4%) ainsi qu'en Europe et en Amérique du Nord (6%).
Ce phénomène de professionnels de l'enseignement manquant mène à de plus en plus de classes surchargées et à un ratio totalement déséquilibré d'élèves par enseignants, atteignant 1 enseignant pour 35 élèves en Asie centrale et australe et 1 pour 56 élèves en Afrique subsaharienne. En fait, les régions riches du monde arrivent à avoir un taux encore très satisfaisant par rapport à celles les plus pauvres.
Le taux d'attrition mondial des enseignants a doublé entre 2015 et 2022, passant de 4,6% à 9%. Ce niveau serait plus important chez les hommes qui auraient une plus grande mobilité professionnelle que les femmes et seraient, entre autres, découragés par les salaires stagnants ou la pression du système éducatif. D'ailleurs, cela peut aussi expliquer le faible pourcentage de rétention qui se voit partout dans le monde aussi pour divers facteurs :
Pour lutter contre cette perte de professionnels, il semble selon l'UNESCO qu'il faille rendre plus attrayante la profession. Évidemment, cela passe par des conditions de travail améliorées mais aussi par une meilleure représentativité des genres et des origines, le statut parfois instable dans certaines régions du métier et son image médiatique souvent plus ternes que positives.
L'organisme soupçonne dès lors que d'en faire une vocation, avec un statut et surtout des fonds investis afin que leur poste et leur environnement de travail soient stimulants, aiderait énormément dans la rétention et peut-être même au retour de certains ayant abandonné le milieu. Cela veut dire professionnaliser encore plus en proposant des formations régulières, en leur donnant accès à du matériel pédagogique de qualité et en leur offrant une bonne autonomie dans le but qu'ils se sentent maîtres dans leur classe.
Ce qui implique ipso facto des politiques nationales qui vont dans ce sens et, ce, partout dans le monde. Des investissements publics conséquents devront suivre, bien sûr, pour s'assurer que tout cela soit possible.
Il reste donc à voir comment le rapport final pourra affiner les raisons et les solutions de ces pénuries. D'ailleurs, l'UNESCO a affirmé que l'exercice se répéterait tous les deux ans afin d'observer la progression du phénomène à l'échelle mondiale.
Rapport mondial sur les enseignants : remédier aux pénuries d’enseignants; grandes lignes - UNESCO (35 pages) (FR /EN / ES)
Photo : futag.mail.ru / DepositPhotos
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