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Quand les groupes WhatsApp de parents d’élèves deviennent des tribunaux populaires pour professeurs

À travers les groupes WhatsApp, les parents revendiquent leur droit à une information directe.
À travers les groupes WhatsApp, les parents revendiquent leur droit à une information directe. Charlotte Paroielle / Le Figaro

RÉCIT - Devenues une brique ordinaire de la vie scolaire, ces boucles se font l’écho de propos «déplacés» d’enseignants, dont ils dénoncent aussi les absences. Un puissant outil d’influence, qui fait aussi la part belle aux rumeurs.

«J'ai trouvé que le ton du prof de musique n'était pas approprié.» «Trouvez-vous vraiment normal que le prof de français soit si souvent absent ? Peut-être faudrait-il en parler au principal...» Des messages de cette veine, Nicolas (*) en voit passer régulièrement sur la boucle WhatsApp des parents d'élèves de la 5e B. «La semaine dernière, le sujet d'inquiétude portait sur la fin d'année et les cours prévus avec l'organisation du brevet en juin. On a carrément eu un PowerPoint», raconte ce papa parisien, qui suit la profusion d'échanges, sans les alimenter plus que de raison. «Sur ce groupe, la FCPE (première fédération nationale de parents, marquée à gauche, NDLR) et l'association locale de parents du collège se tirent la bourre. C'est à qui répondra au plus vite aux demandes, ajoute-t-il. Leur dernier message nous informait que le cas du professeur absent avait donné lieu à un échange avec la principale et qu'il allait être convoqué».

À l'heure où les réseaux sociaux se posent comme un lieu d'influence, les groupes WhatsApp de parents d'élèves, créés pour fluidifier l'information entre les familles et l'école, sont devenus une brique ordinaire de la vie scolaire. Ils n'échappent pas aux travers des réseaux sociaux. «Ces mêmes parents qui dénoncent les usages de leurs enfants se vautrent dans les mêmes excès», lâche une maman. Au point de transformer ces espaces en tribunaux populaires pour professeurs, accusés d'un propos jugé déplacé, de pratiques pédagogiques douteuses ou d'absences récurrentes.

Remous autour du conflit israëlo-palestinien

Début décembre, alors que le conflit israélo-palestinien a éclaté quelques semaines plus tôt, et que le 13 octobre, le professeur Dominique Bernard a été la victime d'un attentat à Arras, une polémique enfle sur un groupe WhatsApp de parents du collège Clemenceau, à Mantes-la-Jolie (78). En cause : un cours d'éducation aux médias sur le conflit. Les deux enseignants ont utilisé un article du magazine Mon Quotidien, dans lequel le Hamas est qualifié d' «organisation terroriste». Certains parents, choqués par cette formulation, le font savoir sur la boucle, où circulent alors les noms des professeurs d'histoire-géo concernés. Le bruit arrive jusqu'à eux. Inquiets, les enseignants de l'ensemble du collège décident d'exercer leur droit de retrait. Ils ont en tête Dominique Bernard. Et Samuel Paty, décapité après les rumeurs répandues par un père sur les réseaux sociaux, qui ont croisé la route d'un terroriste en puissance…

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247 commentaires
  • Raoul Gronard

    le

    L’enfant au comportement trop bruyant à qui le prof a dit qu’on était pas au zoo est noir. Sources : Sherlock Holmes.

  • Quatorze

    le

    Si l’Éducation Nationale pouvait aussi afficher tous les parents défaillants, qui élèvent mal leurs enfants, leur font manquer la classe pour un oui ou pour un non et ne s’assurent pas que les devoirs soient faits le soir… Souvent les plus virulents sur ces groupes WhatsApp, d’ailleurs…

  • anonyme 41369

    le

    Lorsque j’ai mis un 03/20 à un élève de 3ème, les parents me sont tombés dessus pour que je modifie la note. Je leur ai dit non puisque la note était justifiée, ils sont allés voir la Directrice pour se plaindre, laquelle leur a répondu qu’ils n’étaient pas chez IKEA mais dans un établissement scolaire. Basta.

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