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Les jeunes sont désormais plus touchés par les idées suicidaires que la population générale, un mal aux causes profondes

En pleine crise de la psychiatrie, idées suicidaires et tentatives de suicide sont en hausse chez les 18-24 ans, tandis qu’elles stagnent dans les autres classes d’âge. Crise écologique, guerre, absence de perspectives... Le contexte anxiogène, même s’il n’explique pas tout, pèse sur les esprits des jeunes.

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Publié le 25 février 2024 à 05h00, modifié le 25 février 2024 à 13h58

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Crise écologique, guerres, risques sanitaires, manque de perspectives… « Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point les discours de “désespérance” et les messages fatalistes ont des conséquences, à un âge où on se construit », rapporte Charles-Edouard Notredame, psychiatre au centre hospitalier universitaire (CHU) de Lille, qui coordonne la ligne d’écoute nationale 3114 de prévention du suicide.

Dans la bouche des médecins, psychiatres et pédopsychiatres, en première ligne face à la souffrance des adolescents et des jeunes adultes, un constat revient : le contexte anxiogène, s’il est loin d’expliquer à lui seul le mal-être d’une frange de la jeunesse, pèse sur les esprits. Mais c’est un enchevêtrement de facteurs qui mène certains jeunes jusqu’aux « idées noires » ou à la tentative de suicide. Des jeunes, semble-t-il, de plus en plus nombreux : c’est la tendance dessinée par le baromètre sur le sujet rendu public, le 6 février, par Santé publique France.

Cette enquête, déclarative, menée en 2021 – l’an II de la crise sanitaire liée au Covid-19 – auprès d’un échantillon de près de 30 000 personnes de 18 à 85 ans, a mis un coup de projecteur sur la détérioration de la santé mentale des 18-24 ans : les pensées suicidaires déclarées ont été multipliées par plus de deux depuis 2014 dans cette tranche d’âge, passant de 3,3 % à 7,2 %. Une évolution d’autant plus marquante que les données pour les autres classes d’âge tendent à stagner, avec une prévalence de 4,2 % pour l’ensemble des répondants.

Services saturés

Chez les jeunes majeurs toujours, les tentatives de suicide déclarées les douze derniers mois ont augmenté de plus de 60 % (de 0,7 % en 2017 à 1,1 % de cette tranche d’âge en 2021) ; celles sur l’ensemble de leur vie de 50 % sur la même période (passant de 6,1 % à 9,2 %). Une rupture au regard des précédents baromètres qui, depuis le début des années 2000, et à intervalles réguliers, donnaient pour cette tranche d’âge des résultats inférieurs ou comparables à ceux des répondants plus âgés.

Un « changement important », appuie Santé publique France, confirmé par d’autres mesures tendant à démontrer qu’il se poursuit : le nombre de passages aux urgences pour idées et gestes suicidaires a été plus élevé en 2022 et en 2023 qu’en 2021, rapporte ainsi l’instance publique.

Sur le terrain, le constat est largement partagé : si le choc du Covid-19 et de ses confinements s’éloigne, la demande de soins, chez les jeunes adultes comme chez les adolescents, ne faiblit pas. Au contraire : services saturés en pédopsychiatrie et en psychiatrie, délais pour accéder à une consultation qui s’allongent (jusqu’à six mois après une tentative de suicide, alors qu’un contact avec un médecin dans le mois qui suit est généralement préconisé), chambres sanctuarisées aux urgences pédiatriques pour accueillir les « TS » (tentatives de suicide), lits occupés par des jeunes patients « suicidaires » en pédiatrie… Ni l’hôpital ni la médecine de ville ne voient baisser la vague.

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