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Décryptage

La loi pour la restauration de la nature adoptée de justesse au Parlement européen

Ce texte crucial pour la biodiversité, qui prévoit la restauration de 20 % des terres et des mers de l'Union européenne d'ici à 2030, est définitivement adopté. Malgré un accord obtenu en trilogue en novembre, les droites européennes avaient appelé à le rejeter.

Le règlement adopté ce mardi prévoit la restauration de 20 % des terres et des mers de l'Union européenne d'ici à 2030, et de tous les écosystèmes dégradés d'ici à 2050.
Le règlement adopté ce mardi prévoit la restauration de 20 % des terres et des mers de l'Union européenne d'ici à 2030, et de tous les écosystèmes dégradés d'ici à 2050. (VALERY HACHE/AFP)

Par Anne Feitz

Publié le 27 févr. 2024 à 17:17Mis à jour le 27 févr. 2024 à 18:15

Son adoption définitive aurait dû être une pure formalité, elle a pourtant donné des sueurs froides à ses partisans. Le règlement sur la restauration de la nature a finalement été adopté ce mardi lors du vote final au Parlement européen en plénière à Strasbourg, avec 329 voix pour, soit à peine 14 de plus que la majorité requise. Ce texte prévoyant la restauration de 20 % des terres et des mers de l'Union européenne d'ici à 2030, et de tous les écosystèmes dégradés d'ici à 2050, constitue l'un des piliers du Pacte vert de l'Union européenne.

« C'est un progrès historique », a salué l'eurodéputé socialiste espagnol César Luena, rapporteur de la loi, rappelant que l'Union européenne devient ainsi le premier continentà s'aligner sur l'accord de Kunming-Montréal sur la biodiversité, trouvé lors de la COP15 en décembre 2022. « Grâce à ce vote, nous montrons un leadership, qui nous donne une certaine crédibilité sur la scène internationale. Si le Parlement l'avait rejeté, cela aurait été une très mauvaise nouvelle », a-t-il ajouté.

Soulagement après le vote

Un accord avait été difficilement trouvé en novembre en trilogue, entre la Commission, le Parlement, et le Conseil européens. Malgré tout, la droite avait relancé l'offensive contre un texte qu'elle voit comme une menace pour l'agriculture, la sécurité alimentaire, le développement des énergies renouvelables, ou encore le pouvoir d'achat.

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A la veille du vote de mardi, les ultraconservateurs (CRE) et l'extrême droite (ID) avaient déposé des amendements, pour certains demandant le rejet du texte. Lors d'une réunion de groupe lundi soir, les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) avaient eux aussi appelé à rejeter le règlement. Une consigne qui n'a manifestement pas été suivie par tous.

« Entre 40 et 50 députés PPE ont voté pour le texte, ayant résisté à l'alliance avec le populisme d'extrême droite », s'est réjoui l'eurodéputé français Renew Pascal Canfin, président de la commission Environnement, tout en qualifiant de « dangereuse » la tendance actuelle à rouvrir des discussions après les accords trouvés en trilogue. Les ONG environnementales se sont elles aussi dites « soulagées que les eurodéputés aient suivi les faits et la science, sans céder au populisme et à l'alarmisme ».

De son côté, Anne Sander, eurodéputée PPE française, a qualifié le vote de « très mauvaise nouvelle pour les professionnels du monde agricole », regrettant qu'il conduise à « plus de normes et de complexité ». « Ce vote est le résultat d'une vision totalement hors sol, déconnectée des réalités », a-t-elle aussi déclaré.

L'environnement comme un épouvantail

A quelques mois des élections européennes, la droite européenne (qui vient notamment d'obtenir le report du texte sur les pesticides) tente de surfer sur la colère des agriculteurs, en brandissant l'environnement comme un épouvantail. « Mais la première menace qui pèse sur le revenu des agriculteurs, c'est la disparition des services rendus à la nature, liée à l'effondrement de la biodiversité et au changement climatique ! » insiste Pascal Canfin.

De larges concessions avaient été consenties en novembre dernier. Le PPE avait ainsi notamment obtenu que certaines des dispositions du règlement soient amoindries dans les terres agricoles, et qu'un « frein d'urgence » soit prévu, permettant de lesuspendre dans ces zones en cas de menace sur la sécurité alimentaire.

Le texte, désormais définitif, vise à protéger les écosystèmes existants, mais aussi à réparer les dégradations en cours, grâce à la restauration de zones humides, la suppression d'obstacles sur des cours d'eau, ou encore la replantation de haies et d'arbres.

Objectif, compenser l'artificialisation des sols, reconnecter les 25.000 kilomètres de rivières européennes, ou encore protéger les pollinisateurs - avec une priorité donnée aux zones Natura 2000 jusqu'en 2030. Les Etats ont maintenant deux ans pour bâtir les plans nationaux correspondants.

Anne Feitz

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